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She wore blue velvet
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4 janvier 2014

Les Chaussons rouges, de Powell et Pressburger

Bonjour bonjour mes Chers :)

J'espère que vous vous portez à merveille, que ce début d'année vous est agréable et que, dans un petit coin de votre esprit, vous conservez précieusement une parcelle de magie de Noël :)

Comme vous tous, j'ai dans le coeur quelques films que j'aime regarder tout particulièrement pendant les fêtes, des incontournables, des indispensables qui ont la place d'honneur dans ma DVDthèque. Ils partagent de nombreux points communs, sont souvent romantiques, enfantins, visuellement somptueux, noëliens, tendres, dansants et musicaux. Aujourd'hui, j'ai bien envie de vous présenter l'un d'entre eux, qui mêle danse, musique, passion, univers visuel impressionnant,... Un véritable chef-d'oeuvre à mes yeux, dont je ne me lasse pas.

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Les Chaussons rouges est un film à grand spectacle, pas au sens actuel du terme qui signifie plutôt "film avec beaucoup de moyens pour nous en mettre plein la vue". Ici, je l'envisage plutôt comme un film qui interpelle tous nos sens et qui nous transporte ainsi dans un autre univers. Pour moi, Les Chaussons rouges est à classer aux côtés d'oeuvres riches et complexes telles que Sous le plus grand chapiteau du monde ou Lola Montès, qui donnent à voir autant qu'à entendre, qui jouent avec toutes nos sensations et nos sentiments.

Ces films ont en commun de nous faire partager le quotidien d'artistes et de nous montrer les coulisses de leur travail.

Les Chaussons rouges nous transporte dans l'univers de la danse. On y fait la connaissance de Boris Lermontov, le très exigeant directeur des ballets Lermontov (personnage inspiré de Diaghilev), qui engage au même moment un talentueux compositeur et chef-d'orchestre, Julian Craster et une toute jeune ballerine, Victoria Page, qui devient alors sa nouvelle égérie. Ou créature. En effet, Lermontov a tout du Pygmalion. Il souhaite faire de Vicky une grande danseuse, la plus grande d'entre toutes, à condition qu'elle consacre sa vie tout entière à son art. Pour le tyrannique Lermontov, l'art est une religion à laquelle on doit être entièrement dévoué, corps et âme, à laquelle il faut tout sacrifier. Il n'a d'ailleurs pas hésité à se séparer de sa précédente vedette, interprétée par la danseuse et chorégraphe Ludmila Tchérina, cette dernière ayant décidé de se marier. Aux yeux de Lermontov, l'amour n'est rien comparé à la danse et le corps et le coeur d'une danseuse doivent être entièrement tournés vers son art.

Le comédien autrichien Anton Walbrook, que l'on peut d'ailleurs voir dans Lola Montès, est absolument parfait dans ce rôle complexe et ambigu. Protecteur, on le sent très proche de Vicky, exclusif, sans jamais dépasser les limites qu'il (s') impose (à) lui-même. En effet, il serait mal venu qu'il exprime son amour, lui qui ne cesse de clamer que rien ne doit venir perturber l'art ! Mais il est également intransigeant, presque inhumain à force de renier tout sentiment. Sa relation avec Vicky est donc très délicate à définir puisque Lermontov est lui-même bourré de contradictions.

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Grâce au talent de son nouveau tandem et à son implication sans faille, Lermontov parvient à faire de Victoria Page une véritable vedette que le monde entier souhaite admirer et applaudir.

On découvre alors l'envers du décor, l'effervescence inhérente au monde de l'art. Inspiré des Ballets Russes, le film nous montre un univers impitoyable dans lequel on ne peut s'en sortir sans un travail acharné. Les artistes, danseurs, musiciens, chorégraphes, travaillent sans relâche des heures durant, enchaînant répétitions et représentations, parcourant le globe, se réveillant un matin à Monte-Carlo, le lendemain à Paris. La troupe apparaît alors comme un microcosme où l'on peut survivre que si on parvient à suivre la cadence et les règles imposées.

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Au milieu de ce drôle de petit monde, on suit plus particulièrement les deux protégés de Lermontov, Vicky et Julian. Désireux d'offrir à son égérie un rôle unique, le directeur de ballets demande à son équipe de concevoir un ballet inspiré du conte d'Andersen, Les Chaussons rouges.

Dans ce conte, une jeune orpheline convoite une paire de souliers rouges qu'elle parvient à se faire offrir alors qu'ils lui sont interdits (vous pouvez tout à fait imaginer tout le Mal qu'incarne cette paire de souliers !). Elle les enfile aussitôt et se met à danser, danser, danser, sans pouvoir s'arrêter, même au bord de l'épuisement. La seule solution est alors pour la jeune fille de demander à un bûcheron de lui trancher les pieds... Et oui, ça s'passe comme ça chez Andersen !

Le film de Powell et Pressburger propose alors une mise en abime aussi ingénueuse que vertigineuse puisque, vous vous en doutez, le destin de Victoria épousera celui de la petite orpheline. Par ailleurs, le ballet Les Chaussons rouges, création des ballets Lermontov, se trouve au coeur du film, Les Chaussons rouges de Powell et Pressburger, à travers une longue scène dansée (mettant en scène cinquante-trois danseurs) de dix-sept minutes, juste incroyable ! Plus d'un quart d'heure d'images sublimes, tout d'abord très réalistes puis basculant du côté du fantastique et de l'onirique, lorsque le ballet prend des airs de conte de fées, se déroulant au milieu de décors colorés, terrifiants et grandioses. Il est incroyable de se dire que ce film a plus de soixante ans !

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C'est bien simple, je n'avais jamais vu une scène de cette qualité, aussi vivante, vibrante, techniquement impécable, s'intégrant à merveille à la narration. Ce n'est qu'en faisant quelques recherches sur le film que j'ai découvert qu'elle durait dix-sept minutes car pour moi, spectatrice littéralement scotchée à mon fauteuil, elle n'a duré qu'un bref instant tellement j'étais ailleurs !

C'est à travers cette scène unique en son genre que j'ai pris pleinement conscience du talent de Moira Shearer, l'interprète de Victoria Page. Elle n'a que vingt-deux ans lorsqu'elle devient une vedette internationale grâce au film Les Chaussons rouges mais elle a déjà une très belle carrière de danseuse derrière elle. En effet, première danseuse du corps de ballet de la Compagnie Sadler's Wells, elle a déjà interprété toutes les chorégraphies classiques, à l'image de son personnage. En donnant à une danseuse, et non à une actrice, le rôle principal de leur film, Powell et Pressburger prennent un risque auquel on ne pense même plus dès qu'on aperçoit le charmant visage de Moira. Forcément divine en tant que ballerine, elle est également lumineuse et douée en tant que comédienne puisqu'elle donne véritablement corps à Vicky et parvient à s'imposer face à Anton Walbrook.

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Si la première partie du film fait la part belle au thème de la création, la seconde, qui débute juste après la longue scène de ballet, est davantage consacrée aux sentiments puisque, la relation qui unit Vicky et Julian arrive aux oreilles de Lermontov (je ne vous dévoile rien en vous disant cela puisqu'on s'en doute depuis l'instant où leurs regards se croisent). J'ai donc trouvé que l'intérêt du film, qui aborde de manière très juste le tiraillement de l'artiste entre son art et sa propre vie, redescendait d'un petit cran en devenant plus banal, plus "vulgaire", mettant davantage en avant cette fois-ci le tiraillement amoureux.

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Néanmoins, ce léger basculement vers la romance est largement compensé par une fin magistralement mise en scène, tragique et bouleversante, qui ne peut laisser personne indifférent. 

J'espère vous avoir donné envie de (re)voir ce merveilleux film ; quant à moi, je tâcherai de publier, au fil de cette année nouvelle, des billets tels que celui-ci pour vos présenter des oeuvres que j'aime infiniment ainsi que les filmographies d'actrices très chères à mon coeur, Audrey Hepburn et Shirley MacLaine.

Excellente journée mes Chers :)

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Commentaires
E
Ce film devrait te plaire, surtout après ta lecture du bel album sur les danseuses et ballets :)<br /> <br /> Parmi les films de la première photo, j'ai regardé cette semaine "La vie est belle" et "Un amour à NY" qui sont géniaux.<br /> <br /> Et j'ai prévu de visionner "Angel" cette semaine, ce film est magnifique visuellement et j'aime infiniment le personnage d'Angel. As-tu vu ce film ? Ou lu le roman d'Elizabeth Taylor dont il est l'adaptation ?<br /> <br /> <br /> <br /> Oh ! As-tu vu les deux dessins-animés "Niko le petit renne" ? Ils devraient vous plaire à toi et ton petit bonhomme :))
M
Encore une belle découverte que je fais ici. Je ne connaissais pas ce film, mais c'est très tentant et il y a dans la première photo plusieurs films que je ne connais pas non plus mais qu'il faudrait que je découvre !
E
Oh quel dommage...<br /> <br /> <br /> <br /> Ah ok ! J'avais mal compris, notamment concernant les petits mets à l'anguille. Je ne connais pas les versions végétales pour les produits de la mer.
C
J'aime les films de ballet qui contiennent des scènes de danse. Connais-tu le film "Le Dernier Danseur de Mao"? J'aimerais voir "Ballet Shoes".<br /> <br /> <br /> <br /> Je me demande s'il existe réellement un ballet basé sur "Les Chaussons rouges". Il me semble que dans le conte, le crime n'est pas de vouloir les souliers, mais de négliger les funérailles de la grand-mère à cause d'eux?<br /> <br /> <br /> <br /> Danser jusqu'à l'épuisement ou la mort est un thème commun à de nombreux ballets - "L'Oiseau de feu", "Le Sacre du printemps", "Giselle"... c'est toujours impressionnant à voir.
P
J'étais allée voir ce film sur tes conseils quand il était passé au Grand Action il y a 3 ans je crois, quel spectacle ! Cette scène de danse, cette fin, cette tension, je m'en souviens encore comme si c'était hier ! :) Je comprends tout à fait qu'il soit dans ta liste de films à voir et à revoir ...<br /> <br /> D'ailleurs, j'aperçois "La Vie est belle" sur ta photo. Figure-toi que je ne l'ai découvert que le dernier dimanche avant Noël cette année, je ne l'avais jamais vu ! Quelle merveille ! Et je ne t'étonnerai pas en disant que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps ... :)<br /> <br /> Je suis super impatiente de lire tes prochains articles, qui me donneront, je suis sûre, tout un tas d'idées...<br /> <br /> Gros bisous
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