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She wore blue velvet
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15 mai 2013

Amour, violence, espoir : un début mai cinématographique qui flirte avec la perfection

Bonjour tout le monde !

Impossible de l'ignorer, c'est aujourd'hui que commence le plus grand événement de l'année pour tous les amoureux du cinéma. Le Festival de Cannes, son tapis, ses marches, ses paillettes, mais surtout sa sélection et les dizaines de films à découvrir ces prochains mois. En effet, le Festival -si et seulement si (comme disent les matheux) la récolte est bonne- est la promesse d'une belle fin d'année cinématographique, comme en 2011.

Alors que tous les regards seront tournés vers la Croisette (et Gatsby !), je ne pouvais pas ne pas rendre hommage au Septième Art, à ma modeste manière. J'ai alors choisi de publier un bilan-ciné de mi-mois, une très belle occasion de vous faire partager les films que j'ai vus ces deux dernières semaines et qui, malheureusement, risquent de disparaître bien vite de nos écrans pour la plupart...

A l'exception d'un divertissement très humblement efficace, je n'ai vu que des merveilles du cinéma, illuminées par des visages inoubliables et, surtout, qui ont su sublimer les émotions les plus violentes par leur pudeur et leur grande finesse ; je suis ressortie de toutes les séances profondément émue, chamboulée, rêveuse ou interrogative, laissant sur mon fauteuil de spectatrice comblée quelques larmes et serrements de coeur. L'amour et l'espoir semblaient être les deux mots magiques de ces deux premières semaines de mai.

Petit P.S. : j'ai rencontré beaucoup de problèmes avec la typographie lors de la rédaction de ce billet, désolée...

Le prix d'excellence

The Land of Hope, de Sion Sono

Je fais toujours entièrement confiance au cinéma japonais pour m'ensorceller avec pudeur et finesse et ce n'est pas Land of Hope qui me fera revenir sur cette excellente habitude qui s'est nourrie au fil des ans de merveilles du Septième Art, telles que Still Walking, Tokyo Sonata, Norwegian Wood ou Departures. Pourtant, les sujets traités par ces films sont souvent très difficiles (le deuil, la mort, les sentiments blessés, la maladie,...), et celui de ce bijou -car ce que j'ai eu sous les yeux est aussi éclatant que précieux- ne l'est pas moins puisqu'il nous confronte à une catastrophe nucléaire et ses douloureuses conséquences, orchestrées par une absurde ligne de démarcation divisant la préfecture imaginaire de Nagashima (on reconnaitra la contraction de Nagasaki et Fukushima). Nous suivons alors le quotidien de trois couples, partis reconstruire leur vie ailleurs ou -comme l'ont décidé les parents de la famille Ono- restés sur place. Je ne veux pas trop vous en dire car chaque seconde de ce film se mérite et se savoure. Sachez juste que de nombreux passages sont touchés par la grâce, confinent au sublime. J'ai été envoûtée par ces destins et ces visages, angoissée aussi à la vue des paysages désolés, de ces vies chamboulées, sans repères. Des ruines. Mais les personnalités lumineuses, célestes pour certaines (le couple Ono, incarné par des acteurs inoubliables, est d'un fou romantisme), font régner sur Land of Hope - grand film d'amour- un sentiment de plénitude insensée, parade contre l'absurdité du monde

land

Trois visages d'actrices, trois portraits de femmes pour un superbe trio de tête.

Une vie simple, de Ann Hui.

Comme je l'évoquais lundi, ce film venu de Hong-Kong, m'a d'autant plus troublée et bouleversée que les destins qui s'y mêlent sont infiniment proches de ceux nés sous la plume de Genyû Sôkyû, auteur japonais dont je lisais ce même week-end le très beau Vers la lumière. Dans les deux cas, une vieille femme se trouve confrontée à la maladie qu'elle affronte entourée de ses proches mais aussi portée par ses propres ressources : la joie, la malice, l'espoir, la dignité. Dans Une Vie simple, Ah Tao, au service d'une même famille depuis quatre générations, continue de s'occuper de Roger, producteur de cinéma et éternel célibataire lorsque, victime d'une attaque, elle est placée dans une maison de retraite. Par devoir, dans un premier temps, puis réelle affection, Roger -ainsi que ses plus fidèles amis et toute la famille Leung, très présente- va s'occuper d'elle. C'est à travers une multitude de détails qui font le quotidien, le simple quotidien, que jaillissent les beautés de cette relation nouvellement complice qui semble donner un nouveau sens à la vie de Roger tandis qu'il offre à sa fidèle servante ses derniers instants de bonheur. Si la maison de retraite où vivote Ah Tao n'a rien de comparable à la luxueuse résidence de Quartet, elle n'est pas un mouroir pour autant. Si certains visages fatigués, regards éteints nous attristent, les résidents demeurent pleins de vie, jouent, dansent comme des enfants. Aussi, ce qui fait la grandeur d'âme d'Une Vie simple est qu'il évite, grâce à la finesse et la pudeur de sa réalisatrice, tout misérabilisme et odieuse mièvrerie. Sur ce film lumineux menace en permanence un sourire, un éclat de rire, plâne un sentiment de joie intense, d'espoir, incarnés par la magnifique Deannie Ip.

une vie simple

Le Coeur a ses raisons, de Rama Burshtein, nous offre une plongée intime et intimiste au sein de la communauté juive orthodoxe de Tel-Aviv, mais surtout un délicat portrait de jeune femme, Shira, encouragée par sa famille à épouser son beau-frère après le décès en couches de sa soeur aînée. Pour Shira, comme pour certaines héroïnes bien connues, les sentiments se retrouvent donc face à la raison, même si ce mariage n'a rien pour lui déplaire. Et c'est ce point, en particulier, qui donne tout son intérêt au film puisque Shira (somptueuse Hadas Yaron) n'est pas poussée dans les bras d'un barbon qu'elle n'aime pas -bien au contraire- son beau-frère est un homme qu'elle apprécie au plus haut point, séduisant et délicat. Mais le souvenir de sa soeur tendrement aimée d'elle et admirée pèse bien plus qu'un fantôme. A l'instar des bouleversants Tu n'aimeras point, de Haïm Tabakman, ou encore Kadosh, d'Amos Gitai, Le Coeur a ses raisons est un film d'une justesse désarmante, qui nous dit sa dure vérité en empruntant les chemins les plus dégagés

le coeur

Stoker de Park Chan-Wook compte également avec le visage d'une actrice pour briller, Mia Wasikowska, qui incarne une jeune femme tout aussi fascinante et déterminée que Shira. Quel caractère derrière ces regards ! Voir les deux films à quelques minutes d'intervalle m'a forcément fait réflechir à la complexité et la maturité des jeunes femmes d'aujourd'hui, celles qui hantent les pellicules comme leurs doubles de chair. Mais c'est un autre sujet. Revenons à Stoker, ce TReS déconcertant Stoker devrais-je dire, tant il m'a secouée, image par image. Qui aurait pensé Wentworth Miller capable d'un tel scénario ? L'esthète coréen, à n'en pas douter, puisqu'il s'est amusé à faire de cette histoire de famille (Adams ?!) toute simple (quand, soudain, surgit un inconnu...) une oeuvre ambiguë, toujours à la frontière. "Frontière de quoi ?" m'interrogerez-vous. De mille mondes, impressions, expressions, enjeux,... seront quelques-unes des possibles réponses. Stoker s'impose comme un travail d'orfèvre, d'une minutie maniaque qui s'illustre dans une mise en scène élégante et glaçante. Hypnotique, vampirique (comment ne pas penser à Thirst, du même Park Chan-Wook, qui m'avait fait une très forte et dérangeante impression ?), Stoker est un film qui capte notre regard pour ne plus le lâcher, tour de magie que semble maîtriser Nicole Kidman que j'ai été heureuse de retrouver dans un rôle à sa mesure

stoker-shower

Filmer à hauteur d'enfant et toucher les étoiles 

S'il met au coeur de ses images le destin d'un jeune garçon et non des visages fascinants de femmes, Enfance clandestine, de Benjamin Avila,  ne m'a pas moins séduite que les films précédemment présentés. Après No ! de Pablo Larrain, vu le mois dernier, découvrir ce film argentin semblait une évidence (d'autant que depuis quelques années, je mets un point d'honneur à voir tous les films argentins qui arrivent jusqu'à nous, sans connaître une seule déception. Un petit miracle). Avec le jeune Juan-Ernesto, nous découvrons le combat mené par les Montoneros, organisation péroniste, idéaliste, au sein de laquelle lutte sa famille. Enfance clandestine mêle alors très habilement l'Histoire et l'intime, en filmant cette épopée guerrière à hauteur d'adolescent, agité par les soubresauts du premier amour. C'est encore une fois la pudeur et la distance -les scènes les plus violentes nous son présentées sous l'apparence d'un roman-graphique- qui donnent à ce film sur la passion (politique ou amour, tout n'est ici qu'engagement et lutte) ses lettres de noblesse. Si certains pourraient reprocher au réalisateur de ne pas savoir choisir son camp, il me semble -au contraire- qu'il a trouvé le parfait équilibre, nous offrant alors un film puissant et rayonnant.

enfance_clandestine

Plus je tardais à voir Mud, de Jeff Nichols dont j'avais beaucoup apprécié les deux précédents films, plus je nourrissais de doutes, du moins, je me laissais gagner doucement par une cruelle appréhension, d'autant que la bande-annonce ne m'avait pas du tout séduite... Mais dès les premières images, ce qui est à mes yeux LE GRAND FILM DU MOIS, m'a emportée dans un tourbillon d'aventures, d'émotions, de profonde nostalgie, encore une fois bercé par une lumière et un romantisme qui transcendent tout. Je ne vais pas m'étendre davantage car le temps presse et il me semble avoir déjà beaucoup trop écrit pour un bilan qui se voulait bref. J'ajouterez juste, mes Chers, que Mud a la force de ces grands classiques dont on ne peut se lasser, profondément ancré dans cette Amérique de légende, il nous offre un monde à rêver, nous invitant alors -comme les deux personnages-adolescents- à partir à la découverte de notre propre imaginaire aux côtés d'un Héros. A noter, la présence inestimable de Sam Shepard qui incarne à lui seul toutes les qualités de cette fresque initiatique et romanesque

 

mud

Le divertissement venu du froid : efficace et... glacial !

L'Hypnotiseur, de Lasse Hallström, adapté d'un roman en noir et rouge, est un polar polaire qu'il serait dommage de bouder. Le schéma est tout simple : banlieue de Stockolm, une famille sauvagement assassinée, seul le fils plongé dans le coma peut aider la police dans son enquête si un fameux hypnotiseur parvient à lui faire cracher quelques informations. Les origines romanesques bien digérées par le réalisateur permettent à L'Hypnotiseur de se faire discrètement haletant, proposant des rebondissements dignes des meilleures fins de chapitre, de celles qui nous font céder à "un p'tit dernier et après, j'éteins" (que celui qui n'a jamais connu ça me jette la première pierre !). Les personnages du policier et de l'hypnotiseur sont nordiques à souhait, séduisants et bourrus (un p'tit quelque chose d'Erlendur, cousin germain du Docteur Maison) et la neige qui -quelques jours avant Noël- a couvert les paysages de leurs plus beaux atours, feutre insidieusement cette ambiance glauquissime. 

Comme vous pouvez le constater, ce début de mois est exceptionnel : je n'en avais pas vécu de semblables depuis fort longtemps. Et la suite ne s'annonce pas moins réjouissante, du moins, sur le papier : Gatsby, que je vais voir demain (^^) mais aussi Le Passé, sont les deux films que j'attends le plus impatiemment cette semaine. Petite curiosité non feinte pour Modus Anomali et Tu seras un homme, ainsi qu'un rattrapage avec Sympathy for delicious, conseillé par un ami. En vrac, d'autres sorties très titillantes : La Grande Belleza, L'Attentat, Ginger et Rosa, La dernière fois que j'ai vu Macao, Shokuzai (celles qui voulaient se souvenir), Vanishing Waves, Heavy Girls,... Pas de quoi s'ennuyer entre deux bons romans, n'est-ce pas ?!

Et de votre côté, mes très chers lecteurs, avez-vous eu la chance de rencontrer quelques coups de coeur ? Des repérages pour vos prochaines sorties-ciné ?

Dites-moi tout, au nom de Cannes !

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Commentaires
P
Quel dommage d'avoir loupé tous ces films ! J'avais repéré Stoker mais n'ai malheureusement pas eu le temps, et les autres dont tu nous parles si bien, je n'avais même pas vu qu'ils étaient à l'affiche ... :(<br /> <br /> En revanche j'ai prévu d'aller voir Mud demain et je suis encore plus impatiente vu ton enthousiasme !!<br /> <br /> Gros bisous
S
Arf je n'ai que 3 jours ce we pour aller au cinéma, ça va être dur avec autant de possibilité ! Stoker me tente mais j'ai peur que son côté malsain me fasse faire des cauchemars (Wentworth Miller ??? Je suis allée vérifier que c'était bien notre ex-détenu tellement je n'y ai pas cru^^) <br /> <br /> Mud me tente aussi, j'en ai lu beaucoup de bien (alors que je n'aurais pas parié dessus!). <br /> <br /> Gatsby c'est sur et sans doute Iron Man (quand même!)
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