Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
She wore blue velvet
Archives
25 mai 2013

"La Grande Bellezza", Le Voyage au bout de la vie de Paolo Sorrentino

Bonsoir mes Chers,

Je sors à peine du cinéma, bouleversée et fébrile, partagée entre un irrésistible besoin d'écrire (je le sens du fond du coeur jusqu'au bout des doigts, ça pique, ça pétille, ça pèse lourd au creux de l'estomac) et la certitude que je suis bien incapable d'exprimer mes émotions sans les trahir tant elles sont nombreuses, fulgurantes, contradictoires.

Indomptables.

Je me sens à la fois vide. Purgée de celle que j'étais. Et pleine. Rassasiée de nouvelles particules, d'une âme neuve avec qui j'apprends à vivre depuis que ce film -comme Tree of life ou Holy Motors avant lui- a tué quelque chose en moi pour y laisser son empreinte.

Mais je ne peux me résoudre à finir cette journée sans déposer ici une trace de ce qu'elle aura été, un samedi sublimé par le génie d'un cinéaste, par le talent d'un acteur (Toni Servillo, impérial), par la splendeur d'une ville (Rome a-t-elle déjà été si belle ?) et la grandeur d'un film.

la grande hamac

La Grande Bellezza.

Monument où l'on croise L.F. Céline, Flaubert, Dostoïevski. Où Proust est cité comme un maître.

Une Divine Intervention fait surgir Fanny Ardant qui de Sa voix -sa voix !- nous souhaite la bonne nuit.

La Grande Bellezza.

Chef-d'oeuvre qui brouille les frontières entre bonheur pur et simple -comme peuvent l'être un surnom vieux d'un siècle qui réchauffe le coeur, une assiette de minestrone réveille les papilles nostalgiques- et profonde mélancolie. Errances, déambulations, décadence nocturne. Dolce Vita pleine d'ironie sur laquelle plane la mort. Mais surtout brule l'espoir d'un lendemain, la poésie d'un petit matin, d'une nuit belle comme tout, passée à ne pas faire l'amour mais à admirer la mer turquoise sur un plafond immaculé.

J'aurais voulu que ce film qui ne nous parle que de littérature soit un roman, une fresque, une Comédie Humaine de plusieurs milliers de pages, dans lesquelles se noyer à la Recherche d'un temps à retrouver, car nous ne pouvons plus nous permettre d'en perdre : si tristesse et solitude hantent l'oeuvre de Sorrentino, cette Grande Beauté s'impose comme un hymne à la vie. 

la grande

Je peux me taire maintenant ou ajouter mille mots aux précédents ; j'ai le sentiment que cela ne changerait rien. 

Je vous laisse sur ce sonnet de Du Bellay que j'aime et qui résonne en moi depuis plusieurs heures, au rythme des images somptueuses et misérables qui hantent ma mémoire.

Les Antiquités de Rome (Sonnet XXV), de Joachim Du Bellay

Que n'ai-je encor la harpe thracienne,
Pour réveiller de l'enfer paresseux
Ces vieux Césars, et les ombres de ceux
Qui ont bâti cette ville ancienne ?

Ou que je n'ai celle amphionienne,
Pour animer d'un accord plus heureux
De ces vieux murs les ossements pierreux,
Et restaurer la gloire ausonienne ?

Pussé-je au moins d'un pinceau plus agile
Sur le patron de quelque grand Virgile
De ces palais les portraits façonner :

J'entreprendrais, vu l'ardeur qui m'allume,
De rebâtir au compas de la plume
Ce que les mains ne peuvent maçonner

la grande rome

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
"... la splendeur d'une ville (Rome a-t-elle déjà été si belle ?) et la grandeur d'un film."<br /> <br /> A ces quelques mots, j'étais conquise ! :)<br /> <br /> Dans ma liste de films à voir, celui-ci vient de repasser en tout haut de liste ! J'espère être autant envoutée que tu l'as été ...<br /> <br /> Gros bisous ma belle
She wore blue velvet
Publicité
Publicité