"La fille du 14 juillet", d'Antonin Peretjatko : le comic-trip de l'été, frais comme un sorbet-riche comme une crème glacée
Bonjour mes Chers !
Comment allez-vous après ces deux très belles journées ? Avez-vous pu profiter du soleil ? Sentez-vous votre petit moral remonter en flèche ? Pour ma part, j'essaye d'en profiter à fond et je crois que la vie me le rend bien :)
A force de mutiplier les coups de coeur, qu'ils soient littéraires ou cinématographiques, je vais finir par me forger une réputation : celle de la fille bon public, qui s'extasie pour un rien. Pourtant, je vous promets que ce n'est pas le cas, je suis même un peu casse-bonbon, du genre à décortiquer les petits détails jusqu'à gâcher un ensemble qui tenait jusque-là la route.
N'empêche qu'hier, alors que le soleil brillait de mille feux et que je profitais de ma pause-déjeuner entre deux sessions-révisions pour me faire une toile du côté de Beaubourg, ce n'est pas un coup de coeur qui m'a animée mais un véritable coup de foudre !
D'ailleurs, c'est ainsi que commence La Fille du 14 juillet, par un coup de foudre. En fait non. Il commence par un défilé, celui du 14 juillet. Et puis avec une fille aussi, une fille brune, à frange, avec de grands yeux de biche et un p'tit nez pointu, qui vend la Commune sur les Champse (comme dirait l'autre). Et pourquoi pas le Herald Tribune pendant qu'on y est. Peut-être se prénomme-t-elle Jean (pour aller avec le blue de sa robe), ou alors Anna ; pour nous, comme pour Hector, elle sera Truquette, la mignonne et espiègle Truquette, qu'il rencontre dans une salle du Louvre où il est gardien. Autant vous dire qu'en ce jour férié, le musée est plutôt désert, on ne croise même pas dans ses couloirs une bande-à-part en pleine course contre la montre.
Coup de foudre, donc, mais pas com-rom pour autant : La Fille du 14 juillet prend le chemin du road-movie estival, avec vieilles bagnoles et bande de potes deglingos en goguette.
Ahlalala, mes très Chers ! Si vous saviez comme je me suis régalée devant toutes ces images pleines de rythme et d'inventivité ! Chaque scène est musicale, mais pas une musique Mépris-able -non, non- une musique qui swingue, qui jazz, qui craque, qui bouleverse aussi. Chaque scène en bleu et rouge, couleurs archi-dominantes. Chaque scène bavarde à souhait, si bien que parfois un narrateur un brin poète, à la voix douce, prend le relais pour soulager les personnages et soliloque, dit toutes ces choses belles comme tout qu'on lit dans les livres, ceux-là même qui hantent ce film truffé de références littéraires.
On ne peut s'ennuyer une seconde, d'autant que pas mal d'invités tapent l'incruste entre deux aventures rocambolesques et motorisées. Très ensoleillées aussi. Dany le Rouge et Guy Debord sont cités, ainsi que Breton et sa folle-dingue de Nadja, on croise des braqueurs déguisés en flics ("fasciiiiiistes" !!!), Brigitte Bardot en méga-méga format publicitaire, Albert Delpy (père de) et Denis Podalydès en vrai de vrai, des statues grecques et des filles en maillots de bain, un gars qui s'appelle Marcello et puis un autre, le Docteur Placenta, qu'a même pas son diplôme mais des souvenirs de 68 et une sacrée tchatche. Personnage absolument dément (je n'en avais pas croisé un comme ça depuis bien longtemps) qui forme une fine équipe avec Pator, interprété par le brillantissime Vincent Macaigne, hallucinant-halluciné.
La Fille du 14 juillet m'a euphorisée, électrisée ; j'avais envie de sortir mon petit carnet que je savais dans le fond de mon sac, sous les lunettes de soleil, et de le couvrir de notes pour ne rien oublier de ses trouvailles, de ses prouesses, de sa poésie, qu'ils s'agissent des dialogues ou des situations (Ah ! le running-gag de la guillotine ! Jusqu'au bout il nous aura fait perdre la tête !).
Bien sûr, quelques mauvais bougres pourront avancer que Peretjatko n'invente rien, qu'il suffit de se biberonner la tronche à grands coups de godardises rigolotes pour faire plaisir à un certain public qui trouve le réalisateur à lunettes géniââââl. Sauf que dans les films de Godard, y a pas de téléphones portables, même si chez Peret' ceux-ci contiennent parfois des Smarties. Et puis chez Godard, on n'a jamais vu un Docteur Placenta peindre un carré blanc sur un mur rouge pour improviser une soirée-diapos, ni même servir de la soupe de cheval dans des assiettes murales... trouées. Ok, on y suit déjà des mecs qui causent dans les bistrots, des gens qui partent en week-end, en vacances, des Roméo dans des Alpha et des gens qui se tirent dessus ; on se retrouve sur une plage et on sait pas quoi faire et puis on entend des jeux de mots foireusement drolatiques.
Et alors ?!
Film-clin d'oeil, voire hommage, voire un peu pompé (ok, ok) (et encore, je suis une toute petite minable cinémaphile, les experts ont dû se régaler à trouver des dizaines d'autres échos entre La Fille du 14 juillet et, disons pour faire court, la Nouvelle Vague), mais surtout film à très forte personnalité, La Fille du 14 juillet s'aligne sur d'autres brièvetés qui m'avaient enchantée, Chercher le garçon et Un Monde sans femmes (avec le même Macaigne, tiens, toujours dans les coups fumants celui-là !). Et je peux vous dire qu'en ce début de saison jolie-jolie, c'est une véritable bouffée d'oxygène, gorgée de soleil, de bien-être et de vitalité.
Qu'ajouter sinon : faites-vous du bien, les amis, allez-y !!
Le cinoche appelant le cinoche, en sortant de la salle, j'ai déniché pour deux bouchées de pain frais les DVD de Heavenly Creatures, de Peter Jackson (Anne Perry Power ^^) et Before Sunrise (pas encore l'heure du Sunset apparemment). Très satisfaite je suis, d'autant que dans les salles obscures, d'autres découvertes (et réjouissances) m'attendent : Oh Boy ! ainsi que la seconde partie de Shokuzai (la première m'ayant beaucoup plu). Pour le fun, why not tenter Pop Redemption, qui me rappellera des souvenirs de jeunesse.
Et vous, mes Chers, quels sont vos repérages et envies ciné-DVD du moment ?