Meteora, de Spiros Stathoulopoulos
Bonsoir mes Chers,
J'espère que vous allez parfaitement bien et que vous parvenez à profiter du beau temps sans trop souffrir de la chaleur. De mon côté, adorant mon premier mais supportant mal mon second, j'ai trouvé refuge -comme bien souvent- dans les salles obscures.
Et je ne peux laisser cette journée s'achever sans vous dire quelques mots de l'un des deux films que j'ai vus cet après-midi, le second étant Hiroshima, mon amour, d'Alain Resnais, la reprise de la semaine, dont je ne saurais dire grand chose d'autres que des banalités : le texte sublime de Duras, la voix envoûtante d'Emmanuelle Riva,... Oui, moi aussi j'ai succombé devant la puissance de ce film.
En revanche, de Meteora, je peux vous parler, j'en ai même très envie -voyez-vous- car ce film m'a beaucoup impressionnée et je me sens trop-pleine de mots, débordante d'émotions, le coeur tout serré.
Meteora est un film grec, ce qui est, en soi, une raison bien suffisante pour le voir si, par chance, il passe près de chez vous. Ils sont si peu nombreux à nous parvenir qu'il est impensable de manquer leur sortie : quel bonheur plus grand que la découverte d'une culture, d'une langue,... grâce à la magie du cinéma ?
Spiros Stathoulopoulos signe une oeuvre singulière, un film d'amour et de foi d'une beauté pure, à la fois mystique et tellurique, totalement transcendant et d'un romantisme fou. Il met en scène l'histoire d'amour entre un moine et une nonne, chacun enfermé dans les deux monastères orthodoxes qui se font face à Meteora, perchés l'un et l'autre sur des monolithes de grès. Un coup de foudre dans la vallée, puis des signaux lumineux envoyés d'une chambre à l'autre, une rencontre, un déjeuner sur l'herbe, des rires, la naissance du désir,...
Film que l'on pourrait penser austère, Meteora se révèle d'une sensualité débordante, en parfait accord avec la nature, en harmonie avec les sens, à l'écoute des corps. Charnel et sensible, on y entend des airs de flûte, des chants religieux tellement émouvants,... L'odeur de l'huile d'olive titille notre imagination tandis que les amoureux partagent vin et nourriture avant de se laisser aller à une étreinte aussi interdite qu'urgente. Theodoros et Urania, puisque c'est ainsi qu'ils se prénomment, sont les frères et soeurs de coeur et d'âme des grands couples d'amoureux mythiques et tragiques, Héloïse et Abélard, Tristan et Iseult, Roméo et Juliette.
Emotionnellement très dense et déroutant, Meteora est, visuellement, un joyau. Esthétiquement, je n'avais rien vu de tel depuis Gébo et l'ombre de Oliveira. Stathoulopoulos fait preuve d'un sens du cadre absolument sidérant et nous offre des images qui confinent au sublime. J'ai été très sensible aux courtes scènes d'animation qui viennent se mêler au réel ; inspirées de l'art byzantin (que j'aime beaucoup), elles nous invitent à pénétrer les rêves et désirs des personnages représentés par des icônes à leur effigie. Une idée originale pour un résultat aussi audacieux qu'enchanteur.
Mes Chers, je sais que vous serez peu nombreux à avoir accès à ce film qui passe dans trois salles, seulement, à Paris (c'est tout dire), mais n'ayez pas peur d'être troublés si par chance vous pouvez le voir ; un film d'une telle beauté est rare, précieux, il est une ode à l'amour, à l'éveil des sens, au réveil de l'intelligence et de l'émotion. On ne passe pas à côté de tant de richesses sans regrets.
Je vous souhaite une très bonne fin de week-end de réjouissances solitaires et partagées :)