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She wore blue velvet
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2 août 2013

Un Eté sans les hommes, de Siri Hustvedt

Bonjour, bonjour !

J'espère ne pas vous avoir déjà lassés avec mes romans de femmes, femmes de lettres et femmes de mots, auteures et personnages, parfois cabossées, souvent artistes, toujours si fortes et exemplaires. Car, mes Chers, j'ai encore quelques personnalités à vous présenter, de très belles rencontres que je tiens absolument à partager avec vous.

Un Eté sans les hommes, est un roman à la fois grave et lumineux, qui aborde la féminité avec pudeur mais sans hypocrites détours ni discours virulents ; un très beau récit estival, sur lequel plane une douce quiétude que l'on doit au décor, au caractère de l'héroïne comme au style élégant, précis et teinté d'humour de l'auteure, Siri Hustvedt, dont je croisai la délicate écriture pour la première fois. Et ce fut une très belle rencontre, une de celles qui bouleversent une vie de lecteur qui grâce à elle cerne un peu mieux ses goûts et ses attentes ; qui bouleversent aussi une vie de femme, tant l'itinéraire suivi par l'héroïne touche, la leçon apprise ensemble semblable à une révolution intime et généreuse, personnelle et universelle, délivrée par un "Je" qui dit "Vous" qui dit "Nous".

Un-ete-sans-les-hommes

Cette héroïne, c'est Mia, anagramme : I AM, ce qui n'a rien d'anodin. Après trente ans de mariage, son mari Boris lui impose une pause, sous forme de maîtresse. Anéantie, Mia décide -après un court internement- de quitter le domicile conjugal pour la quiétude du Minnesota où sa mère réside, dans une agréable maison de retraite, où s'est formé un vrai gang de filles : les Cinq Cygnes, l'élite de Rolling Meadows, cinq veuves ou femmes divorcées, au caractère bien trempé. Autonomes et très actives (comme j'aimerais faire partie de leur club de lecture !), pétillantes, charmantes, elles sont  un soutien, un exemple pour Mia qui, à leur côté, se reconstruit peu à peu.

Le temps d'un été, elle enseigne également la poésie -Mia est poétesse- à quelques jeunes filles du coin, Jessica, Ashley, Peyton, Alice,... ici encore, des personnalités complexes, qui se heurtent, se livrent à de véritables combats intérieurs et conflits d'intérêt typiquement adolescents, de ceux qui nous font indéniablement souffrir et grandir. 

Et puis il y a Lola, la voisine de Mia avec qui elle noue une relation fondée avant tout sur le respect et la solidarité. Jeune mère de deux enfants, prisonnière volontaire d'une relation tumultueuse, Lola trouve l'écoute et le soutien dont elle a besoin auprès d'une femme elle-même amochée mais qui sait se montrer suffisamment forte et généreuse pour mettre à disposition de l'Autre ses ressources et son expérience.

Grâce à ces rencontres, Mia retrouve sa place dans le monde, dans son monde qu'elle reconstruit à sa mesure pour à nouveau faire entendre sa voix, s'affirmer, singulière et bien présente. I AM.

L'écriture de Siri Hustvedt épouse parfaitement la volonté et le combat de Mia. Tout se déroule avec délicatesse ; une grande paix m'a investie au cours de ma lecture, pourtant, j'observais de près une femme en proie à de sérieux démons (le choc de la rupture est violent, l'attachement qu'elle éprouve pour son mari, très vif), mais l'auteure offre un texte fluide et lumineux, qui ne se présente pas comme une déclaration de guerre, lancée contre les hommes, mais qui tend vers une réconciliation féminine, une ré-affirmation de soi. Siri Hustvedt à l'instar de Nancy Huston ou de Yoko Ogawa, exclut tout pathos de ses mots. Ceux-ci ont une mission à remplir qui ne saurait souffrir hostilité ou jérémiades : dire ce que les femmes taisent trop souvent, le désir, le corps, leurs envies ; ils peuvent les consoler aussi, leur redonner force et espoir. Les mots sont d'ailleurs l'essence même du roman, entre les lettres et les mails que Mia échange avec sa fille, son mari ainsi qu'un mystérieux correspondant, la poésie de Mia, son atelier d'écriture, le club de lecture, ... Omniprésence de mots pour dire leur pouvoir.

"Je veux vous dire, Gentil Lecteur, que si vous êtes ici avec moi maintenant, sur cette page, je veux dire : si vous avez atteint ce paragraphe (...) ne m'avez pas envoyée, moi, Mia, valdinguer à l'autre bout de la pièce (...), je voudrais vous couvrir de baisers, des baisers sur vos joues et sur votre menton, parce que je suis à vous, tout à vous."

L'écriture et l'expérience littéraire, romanesque vécue se devinent féministes mais jamais solitaires, toujours solidaires. Il m'a en effet semblé que les notions de partage et de générosité faisaient partie intégrante de cette oeuvre, fond et forme mêlés. Aussi, je n'ai pu que succomber face à de telles qualités, littéraires et humaines, qui m'apparaissent fondamentales.

Je goûterai à nouveau et avec le plus grand bonheur l'oeuvre de Siri Hustvedt qui compte, à présent, parmi MES indispensables plumes féminines.

Bonne journée à tous :)

challenge-PAL

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Commentaires
E
Quelle coïncidence !<br /> <br /> J'ai préparé un billet sur "Treize petites enveloppes..." vendredi !<br /> <br /> Une suite est sortie : "Le dernière petite enveloppe bleue". Ta fille l'a-t-elle lue ? Je serais curieuse de connaître son avis. De la même auteure, j'aimerais beaucoup lire "Suite Scarlett" ! Tu l'as lu ?<br /> <br /> Je ne connais pas "Une enfance en Toscane", et pour cause... A suivre alors !<br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche Brijou et à très vite (toujours un plaisir d'échanger quelques mots avec toi, décidément !).
B
Et bien pour l'instant ... , lecture jeunesse: "Treize petites enveloppes bleues" que j'ai piqué dans la bibliothèque de ma fille.Je reste assez partagée sur ce livre qui m'avait été chaudement recommandé par ma libraire . Et aussi "une enfance en toscane" de Kinta Beevor.Récit sur la vie en Toscane au siècle dernier (le XXème, s'entend!).Ecrit par une anglaise, ... Pas mal du tout. Livre très confidentiel (une seule critique sur Babelio).<br /> <br /> Bon week-end à toi.
B
Ce livre est magnifique ! C'est bien simple, c'est la première fois que j'ai l'impression que les pages se tournent toutes seules (et pourtant je lis beaucoup, depuis très longtemps) ... Siri Hutsveldt nous "emporte" légèrement, calmement, délicatement. <br /> <br /> Maintenant : lire autre chose de cet auteur que je viens de découvrir et que je tiens à mieux connaître. As-tu une suggestion à ce propos ? <br /> <br /> Bonne journée et ... merci pour ton gentil petit mot !
F
Rien que parce que ca se passe dans le Minnesota je le rajoute a ma PAL virtuelle. Mais c'est maaaaaal car comme popo j'essaie de la faire maigrir et tu ne m'aide pas avec tous tes denichages littéraires :)<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous !
M
Tu m'as convaincu de lire ce livre. Ton billet est superbe et me dit que je vais aimer beaucoup!!! :)
She wore blue velvet
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