Calpurnia, de Jacqueline Kelly
Bonjour mes Doux :)
Ces belles journées ensoleillées desquelles nous avons pu profiter la semaine passé laissent, peu à peu, place à l'automne : l'air est plus frais (je l'ai fortement ressenti cette nuit, pas vous ?), les premières feuilles dorées ornent les boulevards, le thé fumant se savoure autrement (il nous réchauffe si agréablement !), vert émeraude, cuivré, brique, marron,... refont surface dans nos penderies, envies d'hibernation et de balades en forêt cohabitent cordialement.
Il me semble alors que le roman que je vais vous présenter ce matin s'accorde à merveille avec cette douce atmosphère, ces changements discrets et délicats, entre un soleil résistant (que nous ne voulons pas laisser partir) et les petits plaisirs inhérents aux froides saisons que nous accueillons avec gratitude et bienveillance.
C'est un de mes coups de coeur livresques de l'été, déniché au rayon jeunesse. Mais, comme bien souvent, même si Calpurnia est édité par L'Ecole des loisirs et met en scène une fillette de onze ans trois quarts, c'est un roman qui mettra en joie tous les lecteurs qui croiseront ces pages. Le style de l'auteure ainsi que l'histoire, intrigue et structure du récit, psychologie des personnages sont suffisamment -bien plus que cela, même- élaborés pour satisfaire chacun d'entre nous.
En d'autres termes, mes Chers, je vous invite aussi chaudement que possible à faire la connaissance de la vivifiante Calpurnia.
Qui est-elle, plus précisément ?
Je l'ai dit, Calpurnia Tate -dite Callie V.- va sur ses douze ans -et elle tient fortement aux quelques mois qui ne font plus d'elle une jeune fille de onze ans tout rond !-. Seule fille sur sept enfants, elle réside dans le comté de Caldwell, au Texas, au tournant du siècle dernier. Cet été 1899, que Callie passe dans sa vaste demeure entourée de ses parents, fratrie, amis et visiteurs, entre leçons de piano et animations locales, elle ne l'oubliera jamais.
Alors qu'elle n'a jamais oser approcher de trop près son grand-père -personnage énigmatique, à la longue barbe planche et à la veste queue de pie élimée, passant son temps entre sa bibliothèque-laboratoire et la forêt qu'il explore- une pertinente observation scientifico-naturaliste de Calpurnia va métamorphoser leur relation et chambouler le destin de la jeune fille.
Cette "rencontre" familiale et intellectuelle, faite de grands moments de joie, de tendresse, de passionnantes discussions, de découvertes extraordinaires amène notre héroïne à s'interroger sur son rôle de future femme : pourquoi devrait-elle apprendre à tricoter, cuisiner, tenir une maison -pour servir un homme ??- alors que le monde lui tend les bras et qu'elle aspire à devenir une scientifique ?
Nous suivons donc tout l'été ainsi que les mois qui précèdent le Nouvel An et l'arrivée tant attendue de l'année 1900, l'évolution de Callie. Sa personnalité s'affirme, son caractère se forge sous nos yeux, au fil de ses interrogations, observations et lectures des essais de Darwin et romans de Dickens. Les entretiens qu'elle mène avec son grand-père sont passionnants : nous les accompagnons dans la nature, nous observons à leur côté faune et flore en perpetuelle mutation, nous découvrons les mystères de la rivière, écoutons attentivement les secrets que nous souffle le vent à l'oreille. Calpurnia m'a beaucoup fait penser à Miss Charity/ Potter, ainsi qu'à T.S. Spivet, à Laura Ingalls également ainsi qu'à Anne Shirley. Comme eux, elle est passionnée par la vie, par la science, les lettres, déborde de curiosité, a soif de connaissances et affiche un caractère bien trempé. Il est très intéressant, par ailleurs, de découvrir la vie de cette famille au coeur d'un Texas suffocant, l'entreprise familiale, la récolte du coton,... Bien sûr, les progrès techniques sont souvent évoqués, on s'en amuse comme on s'en réjouit.
(Photo extraite de l'adaptation-ciné du merveilleux roman T.S. Spivet. Bientôt sur nos écrans !)
Les passages consacrés aux rassemblements et liens familiaux sont également divertissants et émouvants : Calpurnia et ses frères s'entendent plutôt très bien, et j'ai trouvé très agréable de ne pas assister à des conflits permanents mais à de véritables échanges, constructifs et souvent très drôles, que ce soit entre Calpurnia et son frère aîné Henry comme avec les plus petits, taquins mais vraiment craquants. Les réflexions maternelles valent le détour, tout comme les conversations typiquement féminines qui se déroulent en cuisine, en compagnie des gens de maison -la cuisinière et la gouvernante- qui tentent vainement d'enseigner à Callie bonnes manières et savoir-faire domestique.
Calpurnia est un fantastique récit qui se dévore et dont on aimerait poursuivre la lecture, encore et toujours (j'aimerais sincèrement qu'il connaisse une suite, retrouver Calpurnia quelques années plus tard, pourquoi pas à l'université, telle notre Judy Abbott !). A mi-chemin entre mini-saga familiale et portrait de jeune fille, mêlant Histoires féminine et américaine, à l'aube du XXème siècle, ce roman nous initie aux moeurs d'une époque charnière, où encore peu de femmes ont accès au monde universitaire tandis que les avancées scientifiques ne cessent de susciter des vocations ; une belle promenade naturaliste, des tranches de vie familiale, amicale et amoureuse, tendres et drôles,...
Que de thèmes tant appréciés et brillamment mis en mots par Jacqueline Kelly, dont j'attends avec impatience le prochain roman !
Ce qu'en pense mon amie Milly, avec qui j'ai eu le plaisir de lire ce roman.
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