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She wore blue velvet
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15 novembre 2013

La Mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette, au musée des Arts Décoratifs

Bonjour mes Toudoux :)

La semaine passée, pleine d'entrain et d'enthousiasme en quittant le magnifique musée du Louvre, je me suis rendue -sur ma lancée- chez son voisin, le musée des Arts Déco, afin de visiter une exposition qui me tentait depuis des semaines, consacrée à l'histoire des dessous, féminins et masculins. Parmi mes livres de chevet, ceux qu'on ne lit vraiment jamais mais qu'on feuillette régulièrement avec plaisir, figure l'ouvrage de Chantal Thomass sur l'histoire de la lingerie. Non seulement, les illustrations sont superbes mais ce qu'on y apprend est passionnant puisque dessous et société évoluent main dans la main. Un parallèle forcément enrichissement, qui permet de prendre conscience des mutations morales, sociales, politiques, économiques,... à travers un angle nouveau, original (comme l'exposition consacrée aux cheveux, dont je vous parlais cet été).

J'étais assurée que mon parcours au fil des salles du musée me permettrait d'admirer des pièces fabuleuses, rares et précieuses, cocasses aussi, mais également d'apprendre énormément sur notre Histoire à tous (qui me passionne). L'ensemble mettant à l'honneur le corps et ses métamorphoses lorsque celui-ci est soumis aux diktats des modes, aux regards que posent sur lui la société.

IMG01310-20131107-1148

Je n'ai absolument pas été déçue, j'ai même été doublement comblée, bien au-delà de ce que j'espérais.

Cette belle, grande et riche exposition nous permet de découvrir tous les artifices (fanons de baleines, cerceaux, rembourrages, laçages, charnière, ressorts, crinolines, push-up...) permettant de resserer la taille, élargir les hanches, aplatir la poitrine,... au fil des siècles, depuis 1480 à nos jours. Et si on frémit devant les corsets de fer destinés au femmes (corsets qui auraient pu, selon Ambroise Paré, avoir une fonction médicale... mouai), on s'étonne des braguettes pour hommes, ces poches proéminentes -dont Montaigne dénonçait "la fausseté et l'imposture"- censées reproduire l'érection. Même les armures de combat à pied intégraient cette drôle de forme. 

Plus tard, la virilité se mesure à la circonférence du torse, puis de l'abdomen. Les hommes portent donc des armatures de bois et de fer, avant d'être affublés, au XIXème siècle, de faux-mollets (tout particulièrement les dandys). Nous sont présentés ceux de Barbey d'Aurevilly. Le Journal des dames et des modes se moque des hommes qui font sécher leurs faux-mollets aux fenêtres et trahissent ainsi leur virilité un brin chiquée ^^. Dès 1928, les hommes sont -tout comme les femmes- doivent être sveltes. Aussi, portent-ils des ceintures gainantes qui sculpent le corps, ainsi que des suspensoirs !

Nous plaignons toujours les femmes mais l'un des intérêts de cette balade au coeur de l'histoire des dessous (les dessous de l'Histoire, ahahaha !) est de nous montrer que les pauvres mâles subissent également une forme de pression sociale qui détermine leurs courbes.

mollet

En effet, on prend conscience que le corps n'est pas naturel mais bel et bien une construction culturelle (ce que je me suis évertuée à dénoncer dans mes travaux de recherches depuis des années, soit dit en passant ^^).

"Nos habits sont de fer, ils sont l'invention des siècles barbares et gothiques. Il faut que vous brisiez aussi ces fers, si vous voulez devenir libres et heureux" écrit Bernard C. Faust, en 1792.

Parlons un peu des femmes, à présent.

Du corset de fer, porté de 1550 à 1700, au push-up actuel, nous en avons vu défiler des dessous, chics, ou beaucoup moins !

Elles partagent avec les hommes le port de la fameuse fraise, privilège aristocratiques depuis la fin du XVIème, destinée la souligner la pâleur du visage. Collier de lin, elle repose sur un porte-fraise -collier de métal) lui-même posé sur un porte-col en papier mâché. Rien que ça !

Le port du corset est intimement lié à l'idéal de rigidité qui s'impose dans les cours d'Europe. Sous le règne de Louis XVI, la silhouette masculine doit être affinée, le corps cambré, arqué mais droit, les épaules aussi étroites que les hanches, témoignant d'une incontournable décence : il faut être convenable. Les femmes, quant à elles ont le buste maintenu grâce au corps à baleines qui se glissent sous les robes, drôle d'arsenal dont témoignent les poupées de l'époque, toutes accessoirisées (comme nos Barbie d'aujourd'hui !!). Le corps à baleines est muni d'un busc, une armature centrale et frontale qui peut être joliment décorée, parée d'inscription galantes (témoins, également, de cette fameuse rigidité sociale). Existent des corps à baleine d'allaitement, d'autres conçus pour les femmes enceintes et même pour les nourrissons qui se doivent de porter des corsages renforcés pour redresser leur petit corps jugé trop mou... Personne n'échappe au corps à baleines !

Robe-à-crinoline

Il faut attendre le Directoire, 1795-1840, pour que cette "armure" soit abandonnée, au profit du... corset. Apparaissent ensuite les crinolines -auxquelles le musée Galliera avait consacré une fabuleuse exposition- : le corset marque la taille, tandis que la crinoline accentue les hanches. Lui succède les tournures, 1870-1890-, faux-culs, strapontins, coussins, queues d'écrevisses,... qui modifient la silhouette sans contraindre le corps. Amen ! Les robes exposées sont sublimissimes, vous vous en doutez !!

L'exposition touche à sa fin, avec l'évolution du soutien-gorge : de la brassière des années 20, destinée à aplatir la poitrine, au push-up des années 90, en passant par la forme conique, typique des années 50. Défilent alors quelques publicités bien rigolotes, vendant les mérites des gaines et des marques qui "sculptent les corps" : Playtex, Dim, Coeur Croisé,...

La dernière vitrine nous permet d'admirer des créations contemporaines, signées Mugler, JPG, Westwood, Lacroix,... De superbes pièces (je suis admirative du travail de ces stylistes, précisément !) rendent hommage ou détournent les dessous d'autrefois, avec un petit côté fétichiste, futuriste, ostentatoire.

robe

Cette exposition m'a véritablement enchantée par son élégance, sa pertinence et sa richesse. Très ludique, elle propose même -dans une grande pièce fort bruyante...- aux visiteurs qui le souhaitent, d'essayer crinolines et autres bazars à cerceaux. Par ailleurs, des extraits de films bien choisis sont diffusés et permettent une petite pause bienvenue : le générique d'ouverture des Liaisons Dangereuses (avec Meryl et John), The Duchess, La Reine Margot, Les Visiteurs,... De quoi donner des envies de films en costumes !

Je vous invite à consulter le site, extrêmement bien fait et très complet (beaucoup d'informations et d'illustrations).

Que pensez-vous de tout ça, mes Chers ? Sans être indiscrète, quelle importance donnez-vous à vos sous-vêtements ou dans quelle mesure les appréciez-vous ? Pour ma part, je ne me lasse pas des magnifiques corsets (lasser, lacer, ahaha ^^), d'hier et d'aujourd'hui, qui peuvent être de véritables oeuvres d'art.

Des bises :)

L'art dans tous ses états
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Commentaires
P
Je suis allée voir l'expo la semaine dernière lors de la nocturne... <br /> <br /> Il y avait tout de même pas mal de monde, y compris tout un groupe d'enfants qui faisaient un atelier dessins !! Du coup je n'ai pas pu accéder aussi bien que j'aurais aimé aux pièces, mais j'ai tout de même beaucoup apprécié cette expo !<br /> <br /> C'était un régal de voir tous ces dessous et de s'imaginer les porter ... Avec plus ou moins de plaisir d'ailleurs ;)<br /> <br /> Gros bisous ma belle
E
Tu as raison ma Livy, ne te gâche pas la surprise et profite bien de cette exposition pour y découvrir tout plein de jolies choses mais aussi des dessous bien étonnants (surtout du côté des mââââles ! Ils ont bien souffert eux aussi, mine de rien !).<br /> <br /> Tu pourras essayer quelques crinolines, figure-toi ! Tu serais tellement jolie, corsetée, crinolinisée,... Une vraie Dame :)<br /> <br /> Tu viendras me dire ce que tu en as pensé ?<br /> <br /> Gros bisous mon élégante amie :)
L
Je ne lis qu'en diagonale pour une fois car j'y vais le week end prochain (et j'en suis ravie). Néanmoins, certains mots par ci par là, et les photos de ton article ne m'auront pas échappée, et je suis évidemment conquise par avance.<br /> <br /> Je ne suis pas étonnée du tout que le thème de l'exposition t'ait convaincue, il te va à ravir. Et il me tarde de découvrir tous ces corsets et crinolines en "vrai", même si je ferais moins ma fière si je devais en porter quotidiennement je pense ;)<br /> <br /> Je t'embrasse bien fort !!
C
C'est intéressant en effet. Personnellement, côté vêtements, je ne m'y intéresse pas plus qu'au maquillage, à la coiffure, à la mode... On peut dire que mon corps à moi est naturel en tout cas! Je trouve tous les vêtements modernes laids et fades; pour ce qui est des beaux vêtements d'époque, eh bien justement ils semblent avoir été bien peu pratiques!
M
Rétrospectivement, je me rends compte que c'est (encore une fois !) à cause du monde et du bruit que je n'ai pas pleinement profité de l'expo. <br /> <br /> Car en lisant ton billet je suis d'accord : il y avait beaucoup de choses méconnues (par moi en tout cas !) comme les braguettes, les fraises et leur ossature métallique, les corsets d'allaitement ... <br /> <br /> Donc, merci pour ce joli billet, encore une fois très bien rédigé et passionnant !
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