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24 janvier 2014

Casse-Noisette, d'Andreï Kontchalovski (2010)

Bonjour mes Chers !

Vous le savez peut-être, l'histoire du Casse-Noisette est une de mes préférées, un conte de Noël que j'apprécie infiniment et dont j'aime découvrir les multiples adaptations, sous toutes les formes possibles. Petite fille, je n'avais de cesse de visionner le dessin-animé signé Paul Schilbi, intitulé Le Prince Casse-Noisette, au point d'avoir abîmé considérablement la bande de ma K7 vidéo. Snif.

La semaine passée, j'ai regardé une version dansée que je ne connaissais pas, retransmise pendant les fêtes de l'opéra de Dresde ; un ballet que j'ai trouvé un peu terne, celui du Mariinsky demeurant mon favori.

Ce lundi, c'est une version cinématographique que j'ai découverte et dont j'aimerais vous parler, tant elle m'a laissée dubitative. En effet, je suis bien incapable de vous dire si je l'ai appréciée ou non ni même s'il s'agit d'un bon film ou d'une vaste blague. Et c'est sans doute cet "entre-deux" qui caractérise mon impression mais également le film lui-même qui me le rend si difficilement cernable.

Cette adaptation, sortie en 2010, est l'oeuvre du réalisateur (mais aussi scénariste, acteur, compositeur,...) russe Andreï Kontchalovski qui lança ce projet en 1969 aux côtés d'un des plus grands cinéastes soviétiques, Andreï Tarkovski dont les films se situent à la frontière entre imaginaire et rationnel -à l'instar de ce Casse-Noisette, peu orthodoxe...-.

The-Nutcracher-Affiche

Le début nous laisse nous installer en terrain familier, même si on perçoit déjà quelques changements par rapport au conte et aux trames des ballets les plus connus.

C'est la veille de Noël et Mary et Max sont délaissés par leurs parents, excentriques mais peu chaleureux, qui doivent se rendre à une grande réception où la mère, grande Diva de l'opéra, doit donner une représentation. Aussi, les enfants passeront-ils la soirée avec leur oncle Albert (avatar d'Einstein) qui débarque les bras chargés de cadeaux, notamment une magnifique maison de poupées ainsi qu'un casse-noisette.

La nuit tombe sur la merveilleuse Vienne et l'heure du coucher sonne... Quelques instants plus tard, la magie s'invite, Casse-Noisette prend vie, les jouets habitant la maison de poupées s'animent tandis que le sapin touche les cieux. Casse-Noisette, qui préfère qu'on le surnomme CN, entraîne alors Mary au sommet du sapin, parmi les figurines animées, à la rencontre de la Reine des Neiges. La fillette se retrouve alors au coeur d'un monde féerique, est emportée dans une danse céleste et scintillante parmi les flocons de neige qui se transforment en ballerines virevoltantes. Mais elle découvre aussi le terrible secret et le malheur qui touchent son nouvel ami : le Roi des Rats a envahi son beau royaume sur lequel il laisse planer un horrible nuage noir, une épaisse fumée provenant des fours dans lesquels brûlent les jouets...

casse noisette fanning

On bascule alors dans un monde horrifique. Alors que les décors de la première partie sont inspirés par les années 20, les murs du salon sont parés des somptueuses toiles de Klimt, le jardin d'hiver au coeur duquel trone le sapin est d'une absolue splendeur, le Royaume des Rats est totalement mécanisé et motorisé, très sombre. Il règne un climat de violence et de froideur, rendu palpable par l'utilisation de l'acier. Une immense tour se dresse au milieu de l'obscure cité, une sculpture industrielle, rétro-futuriste, qui n'est pas sans rappeler les machines de Jules Verne ou de De Vinci. Une esthétique steampunk qui s'accorde très bien avec cette uchronie.

Malheureusement celle-ci, en proposant ni plus ni moins qu'une analogie du régime fasciste, m'a semblé de très mauvais goût et surtout ne rend plus du tout hommage au conte ni à la magie des ballets. Alors que les premières chansons sont très explicitement inspirées des compositions de Tchaïkovsky, elles sont totalement délaissées par la suite. Il n'y a plus aucune référence à la féerie, à Noël, au monde de l'enfance, bien au contraire, cette deuxième partie est terriblement angoissante ! Les Rats ont tout à voir avec des soldats nazis, certains ont des mâchoires rétractables et traquent les humains-esclaves avec l'aide de leurs chiens robotisés. Les tirs de mitraillettes fusent, les courses-poursuites sur puissantes motos s'enchaînent et si une forme d'humour tire l'ensemble de l'horreur totale, il n'en demeure pas moins douteux.

casse noisette2

Les dernières images, alors que Mary regagne sa maison et retrouve ses parents, sont un retour à la magie et à l'enchantement. Mais quelle aventure il aura fallu endurer pour mériter ces quelques instants de plaisir !

Cette version de Casse-Noisette m'a mise très mal à l'aise. Je n'ai rien contre les adaptations qui chamboulent tout et je ne reproche pas au film son manque de fidélité à l'histoire que nous connaissons (d'ailleurs, le sous-titre du film est The untold story, en VO, La Véritable histoire, en VF.). En outre, j'ai beaucoup d'admiration pour les réécritures, trouve passionnantes à analyser les analogies qui fondent des oeuvres telles que La Peste, de Camus ou encore le Inglourious Basterds, de Tarantino (on peut également penser à la célèbre bande-dessinée Maus), j'ai trouvé celle-ci de très mauvais goût et, par-dessus tout, j'ai été heurtée du fait que le réalisateur s'empare d'une merveille dédiée au pouvoir de l'imagination, à la magie de l'enfance, à la féerie de Noël, pour en faire une critique (ou une immonde parodie ?) du régime nazi.

C'est d'autant plus dommage que la première partie est un bijou que je reverrai avec grand plaisir, des étoiles plein les yeux. Les acteurs sont très bons et les images de très grande qualité (le film a coûté plusieurs millions de dollars, il aura fallu plus de deux ans pour créer la scène de la danse des flocons qui dure seulement deux minutes), les effets spéciaux sont spectaculaires et il y a, indéniablement, une grande part de créativité, de personnalité dans cette version des plus atypiques.

Que pensez-vous de cette adaptation de Casse-Noisette (que vous l'ayez vue ou non) ? Êtes vous choqué, du moins vivement interpellé, par ce choix de transformer ce conte en mascarade sur l'Holocauste ?

Pour ma part, si le film m'a heurtée, il m'aura invitée à quelques réflexions sur le rôle du cinéma et la possibilité ou non de tout dire, un peu n'importe comment... Certains sujets me semblent, en effet, bien trop délicats pour être ainsi malmenés.

Connaissez-vous d'autres adaptations du conte, qu'ils s'agissent de dessins-animés, de films, de ballets,... Que sais-je encore ?!

Une excellente journée à tous :)

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Commentaires
F
C'est drôle que tu en parle car Casse Noisette est véritablement encré dans mon enfance ! Quand j'étais petite, mon grand-père avait enregistré pour ma soeur et moi sur VHS une version filmé du ballet par les petits rats de l'Opéra de NY. <br /> <br /> J'ai littéralement grandi avec cette version ! Et à Noël dernier ma soeur l'a fait transposé en dvd pour nous deux :)<br /> <br /> Dommage que l'adaptation dont tu nous parles t'ai moins transportée !
E
Oh ça oui, très étrange même ! Et vraiment déstabilisant.<br /> <br /> J'ai lu avec attention et haute fidélité tous tes billets ma Douce, donc celui-ci comme les autres (que crois-tu ?!)<br /> <br /> Comme quoi, il n'est pas toujours évident d'adapter une histoire et c'est plutôt heureux puisque cela nous permet de faire encore et toujours de nouvelles découvertes, tantôt excellentes, tantôt moins bonnes, mais peu importe. C'est ainsi qu'on enrichit notre petit monde.
M
Oh ben zut alors. Ca a l'air très étrange comme adaptation.J'ai présenté un album de cette histoire au moment de Noël. Je ne sais pas si tu l'as vu. Le texte de Claude Clément m'a beaucoup plu mais je n'ai pas trop aimé les illustrations... :(
E
Ahlalal !! Les poupées et automates me filent la trouillette encore aujourd'hui, ainsi que les pantins et les clowns, donc je comprends le traumatisme ^^<br /> <br /> Mais ne t'arrête pas à ce mauvais souvenir, "Casse-Noisette", par certaines compagnies et école, et un ballet sublime.<br /> <br /> Grosses bises :)
F
Je crois que je passerai mon chemin... j'avais vu une version du ballet avec des danseuses-poupées, quand j'étais petite, et ça m'avait terrorisée ! :-) Bon week-end, Emma !! Bises.
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