La Bobine d'Alfred, de Malika Ferdjoukh
Bonjour à tous :)
Comment allez-vous, mes Chers ? Comment se passe votre petit début de semaine ? Êtes-vous dans la grisaille ou avez-vous la chance de voir poindre le soleil ? A paris, le ciel demeure gris-souris, menaçant mais finalement pas si méchant. Depuis les gros orages de dimanche, nous sommes au sec mais l'absence de luminosité est si tristoune... Heureusement que les films et les livres, ainsi que tous nos petits loisirs, sont là pour mettre de l'éclat dans nos quotidiens, n'est-ce pas ?!
D'ailleurs, je vais de ce pas vous présenter un ouvrage qui allie admirablement littérature et cinéma. Le rêve, non ?!
Ce roman, signé Malika Ferdjoukh, bien que classé en littérature jeunesse, fera le bonheur des lecteurs de tous âges, et enchantera les férus de cinéma
En effet, La Bobine d'Alfred a pour cadre le Hollywood des années 60 et compte parmi sa galerie de personnages Alfred Hitchcock, rien que ça !
Hitch, en compagnie d'Henri Langlois, fondateur de la cinémathèque, illustre bonhomme auquel le musée parisien consacre en ce moment une exposition à voir absolument !
C'est par l'intermédiaire d'Harry Bonnet, une jeune parisien de seize ans, que nous faisons sa connaissance. Harry -qui aurait pu se prénommer Cary, en hommage à Cary Grant, si l'employé de la mairie n'avait pas fait sa forte tête- est le fils d'un cuisinier cinéphile. Et encore, "cinéphile" est un terme bien faiblard pour caractériser Monsieur Bonnet qui s'impose comme une véritable encyclopédie du ciné. Passionné, il entraîne son fiston dans un tourbillon d'images hantées par les plus grandes vedettes du cinéma américain. Dans ce Paris des années 60, ils passent tout leur temps libre dans ces cocons que sont les salles de cinéma de la place Clichy et savourent avec un plaisir jamais dissimulé La Conquête de l'Ouest comme Docteur Jerry et Mister Love, tout aussi sensibles aux grandes chevauchées qu'au charme grimaçant de Jerry Lewis. Ces deux-là vivotent dans une harmonie cinémaniaque jusqu'à ce fameux soir où Gustave Bonnet, suite à une violente dispute avec son patron, se retrouve embauché par Lina Lamont (qui n'est autre que la voix de crécelle du film Chantons sous la pluie !), pour devenir son cuisinier personnel. Père et fils prennent alors la direction d'Hollywood, pensant avoir atteint le Nirvana et loin de se douter qu'une autre surprise les attend dans la Cité des Anges... Dans un élan de générosité, Miss Lomont a décidé de "prêter" son chef à un mystérieux ami, réalisateur, le temps du tournage de son nouveau film, un projet top secret à propos duquel il ne faut absolument rien dévoiler.
Si Gustave est ravi, Harry l'est moins car il ne peut être mis dans la confidence, devons se contenter de bien maigres mais surtout fausses informations. Un soir, n'y tenant plus, il se dissimule dans le coffre de la voiture qui mène son paternel sur les lieux de son nouveau travail, afin de pénétrer en catimini sur le Studio 17. Si le jeune homme trouve enfin des réponses à ses questions, s'il jubile de voir certains mystères enfin dévoilés, il ignore que pour lui, les ennuis ne font que commencer !
Ahlalala ! Mes Chers !! Comme j'ai aimé ce roman que j'ai dévoré d'une traite, totalement transportée par ce cyclone hollywoodien qu'est l'imaginaire de Malika Ferdjoukh, emportée par sa plume délicate et précise, son humour tranchant, la vivacité de son style ! La Bobine d'Alfred est un bijou de lecture, un roman qui ne peut qu'enthousiasmer par son rythme trépidant, tout en se faisant dépaysant et érudit. En effet, l'auteure fonde son intrigue sur des faits réels : Alfred Hitchock a bel et bien eu comme projet de mettre en scène la pièce signée James M. Barrie (le créateur de Peter Pan), intitulée Mary Rose, qu'il avait eu la chance de voir à Londres dans les années 20 et jamais oubliée depuis. Quarante ans plus tard, le grand Maître du suspense, demande à son agent d'en acquérir les droits, travaille au scénario, pense au casting, espère de tout coeur donner souffle au grand projet de sa vie, dans lequel il s'investit émotionnellement comme jamais auparavant. Malheureusement, Universal ne voit pas cette lubie d'un bon oeil et empêche le réalisateur de concrétiser son rêve. Une expérience amère, le songe d'une vie avorté dont le souvenir restera la plus grande déception d'Hitch.
Jean Hagen dans Chantons sous la pluie
C'est sur ce tournage aussi mystérieux qu'atypique que nous entraîne Malika Ferdjoukh, dans le sillage d'Harry, une jeune homme que l'on prend plaisir à cotoyer. En marchant dans ses traces, comme on gambaderait sur le Walk of Fame, on croise de grandes figures de l'âge d'or hollywoodien parmi lesquelles Sinatra et Dean Martin (euphorie de groupie !) et on découvre l'envers du décor du monde merveilleux du cinéma. Au fil des chapitres, dont les titres rappellent les films du Maître, on déambule de soirée alcoolisée en course poursuite via Mullholand Drive, on pousse les portes de somptueuses villas, on prend du bon temps aux champs de course, on échange quelques mondanités avec des starlettes sirotant des cocktails colorés mais on croise aussi quelques véreux et personnages fort mal intentionnés.
La Bobine d'Alfred, qui n'est pas sans rappeler l'univers de Robert Bloch, est assurément un roman que je vous recommande, un de ceux qui donnent envie de hurler "Action" plutôt que "Coupé". Après avoir été séduite par Quatre Soeurs, il se confirme que Malika Ferdjoukh compte parmi mes auteures préférées et je me réjouis d'avoir encore une très grande partie de sa bibliographie à découvrir !
A bientôt, mes Doux, pour une toute nouvelle aventure ;)