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21 novembre 2013

Les Roses anglaises, de Madonna, illustré par Jeffrey Fulvimari

Coucou de fin de journée, mes Chers :)

Je dois vous faire une confession (on a dance floor ^^) : depuis des temps immémoriaux, j'apprécie beaucoup Madonna en tant que chanteuse. Je trouve tous ses albums très bons, surtout Ray of light dont je ne me lasse pas, ses concerts comptent parmi les plus spectaculaires, sa capacité à se renouveler m'impressionne et me réjouit -à chaque album, un nouveau style, un nouvel univers, façon David Bowie- et, pour tout vous dire, j'ai même adoré son premier film Obscénité et vertu, sorti en 2008, grâce auquel j'ai découvert le groupe Gogol Bordello (mais je n'ai pas vu le dernier en date W.E.).

Aussi, depuis sa sortie qui remonte à 2003, je suis intriguée par son premier conte illustré pour enfants, intitulé Les Roses anglaises. Il m'aura donc fallu près de dix ans, rien que ça !, pour enfin l'emprunter et le découvrir. Mieux vaut tard que jamais. Ou pas.

J'ai ouvert cet album sans aucun a priori, promis-juré. Ni positif à tout prix, en mode groupie, ni bêtement négatif, façon langue de vip'. C'est un regard objectif que j'ai posé sur cette histoire ainsi que sur les illustrations qui l'accompagnent. J'avais, néanmoins, envisagé la possibilité de ne pas sortir de cette lecture parfaitement comblée : il fallait bien que Mado échoue dans un domaine, tout de même ! Mais je ne pensais certainement pas refermer cet ouvrage aussi outrée et remontée.

les-roses-anglaises

Dès la première page, j'ai été saisie d'un malaise.

Les Roses anglaises sont quatre jeunes amies qui passent tout leur temps ensemble, vivent dans le même quartier, fréquentent la même école, organisent de fabuleuses soirées-pyjama. L'illustration qui accompagne leur incroyable CV m'a vivement interpellée puisqu'elle représente une blonde aux yeux bleus, une rousse aux yeux verts, une brune aux yeux foncés et une noire à tresses (dont la petite poupée est également noire, tant qu'à faire). Vivent les quotats et les clichés. Rien de bien méchant, c'est juste agaçant.

Si les quatre Roses ressemblent à des petites filles modèles, elles n'en ont pas moins un coeur de pierre et jalousent en secret la pauvre Binah, une autre petite fille du quartier. Et pourquoi donc ? Parce que cette dernière est belle, intelligente, sportive,... tout lui réussit, tout le monde la porte aux nues, ce qui fait enrager le quatuor. Ceci étant, Binah est tellement parfaite qu'elle n'a aucun ami.

Bon... Que les quatre pestes tournent le dos à Binah peut se comprendre mais le fait que la jolie blonde n'ait aucun ami, alors que tout le monde vante ses innombrables qualités, est totalement incohérent et idiot.

english roses

Une nuit, alors que les quatre amies sont réunies, elles reçoivent -dans un songe- la visite d'une fée qui leur propose de vivre la vraie vie de Binah. Elles découvrent alors que cette jeune fille à qui tout semble sourire ne mène pas la grande vie de Paris Hilton -que nenni !-, mais celle misérable de Princesse Sarah, ascendant Cendrillon. Bien joué, la Fée ! Puisque Binah, pauvresse, orpheline de mère, est contrainte de récurer le sol (à quatre pattes, c'est meilleur...) et d'éplucher les patates pour le dîner, elle a enfin gagné l'amitié des Roses qui l'aident même dans ses tâches ménagères. Ces braves filles ! Cerise sur le gâteau, cette amitié tellement sincère et authentique redore le blason des Roses et, partout où elles se rendent, on entend dorénavant murmurer "Comme elles sont extraordinaires".

Ba oui, vous pensez bien ! Elles ont tendu la main à une petite fille qui doit se contenter d':

"une simple chambre, avec un simple lit. Une commode. Une étagère pleine de livres. Il y avait, bien sûr, une poupée. Mais une seule. Difficile à croire, non ? Il faut pourtant me croire puisque je te le dis."

Concernant le style, il est d'une pauvreté affligeante qui ne relève pas le niveau de cette histoire dont la morale m'a semblé odieuse, honteuse. Madonna tente de donner du dynamisme à sa prose mais fait chou blanc. Un passage, en particulier, témoigne de son manque de talent et de son absence de logique narrative lorsque la narratrice, de son propre chef, interpelle le lecteur pour, finalement, lui reprocher de l'avoir interrompue :

"Tu dois sans doute te dire : Et alors ? C'est facile à arranger. Si elle était tellement gentille, pourquoi les Roses anglaises ne l'invitaient-elles pas à boire une tasse de thé ? Ecoute-moi bien, je t'ai déjà dit pourquoi. C'est parce qu'elles étaient un peu jalouses. (...). Et maintenant, arrête de m'interrompre."

J'avais envie de lui rétorquer "mais je n'ai rien dit, moi, tête de rat ! Je ne t'ai pas demandé une explication de texte ni une quelconque précision, j'avais très bien compris du premier coup que tes quatre roses étaient quatre pimbêches vertes de jalousie !"

Restent les illustrations, ma foi, pas désagréables mais excessivement girly : les personnages ressemblent aux poupées Bratz et autres personnages de dessins-animés actuels (et moches), trop colorés, synthétiques, hystériques et décérébrés.

Je n'ai donc pas du tout apprécié cet album et derrière le petit ton ironique qui parcourt mon billet se cache une vive irritation. Madonna prétend analyser des thèmes tels que la jalousie, la tolérance, la détresse enfantine, la cruauté, mais aussi la pauvreté, l'absence douloureuse d'une maman, autrement dit, des sujets très délicats, fondamentaux, inhérents aux mondes de l'enfance et de l'adolescence, qu'il faut donc manipuler avec beaucoup de subtilité et un soupçon de psychologie, ce dont elle semble totalement dépourvue. 

Ce fut, néanmoins, une lecture intéressante voire édifiante, car elle permet de goûter pleinement la valeur d'autres ouvrages abordant les mêmes thèmes sensibles avec grâce et humilité (je pense à Jane, le renard et moi ou encore Cerise Griotte lus tout dernièrement).

Soulignons tout de même que Madonna précise reverser ses droits d'auteur à la Spirituality For Kids Foundation. Quelle brave (f)âme.

Bonne soirée mes Doux ;)

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Commentaires
M
Je passe mon tour finalement mais ton billet m'a bien fait rire et rien que pour ça, je vais le relire tout de suite ! :D Moi non plus, je n'aime pas les Bratz, Monster high et compagnie. Qu'est ce que c'est moche !
F
Bon... Je l'aurais peut-être lu par curiosité mais là, je passerai mon chemin :-).
E
Tout comme je respecte et conçois parfaitement le tien ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Je précise juste que mon avis n'a absolument rien à voir avec le fait que cet album ait été écrit par une "star". J'ai été très gênée par le fond (moralisateur et indécent) ainsi que par le style de Madonna, son ton assez condescendant. Je n'ai pas du tout apprécié sa façon de s'adresser au lecteur, de manière un brin hautaine -à travers les voix de la narratrice ou celle de la bonne fée-.<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai pas non plus perdu de vue qu'il s'agit d'un livre-jeunesse, je pense d'ailleurs lire et apprécier cette littérature suffisamment régulièrement pour y poser un regard qui n'est pas celui d'une adulte qui analyse tout. Non, non, promis !<br /> <br /> <br /> <br /> Lorsqu'on choisit d'écrire pour un jeune lectorat, en s'attaquant à des thèmes aussi fondamentaux et délicats de surcroît, j'y vois une sorte de mission qui nécessite un minimum de réflexion, de délicatesse, de psychologie.<br /> <br /> Que Binah mérite l'amitié des Roses parce qu'elle n'a qu'une poupée dans sa chambre et est contrainte de préparer le repas pour elle et son papa me paraît limite... Ce n'est, en tout cas, pas une leçon que j'aimerais transmettre à mon enfant.<br /> <br /> <br /> <br /> Madonna a écrit cinq contes, il y en a d'ailleurs un à la bibliothèque, en anglais. Je l'emprunterai ce qui me permettra de découvrir sa plume en version originale !<br /> <br /> Tu vois, je ne suis pas rancunière (envers la Madonne, j'entends !).<br /> <br /> <br /> <br /> Excellente journée ma chère Brijou :))
B
Ouh la .... Je te trouve très dure avec ce livre. Il y'a quelques années déjà je l'avais acheté à ma fille et nous l'avions lu ensemble . Nous l'avions bien aimé. J'avais trouve les illustrations fort jolies. Il ne faut pas perdre de vue que ce livre est, en principe et avant tout, destiné aux enfants (même si les mamans aiment souvent à se plonger dans la lecture ado, enfants,...).les roses anglaises ne furent pas le seul opus de Madonna il y eut trois ou quatre autres livres qui suivirent celui- la... Et (cela ne va pas te plaire, je crois, ...) nous les avions tous achetés . Je dirais même que nous attendions avec impatience la sortie du suivant. Ces livres sont inspires de la <br /> <br /> Kabbale il me semble. Ceci étant dit, je respecte parfaitement ton avis. Et je peux tout à fait comprendre que des livres écrits par des stars, qui se prennent pour des écrivains, peuvent irriter.
E
Une petite tranche de rire, c'est toujours ça de pris, en effet ^^<br /> <br /> A défaut d'une découverte littéraire... !
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