Les Soeurs Grimm, Crime au pays des fées -Tome 4-, de Michael Buckley
Bonjour, bonjour !!
Comment se passe votre fin de semaine, chères petites douceurs ? Profitez-vous de l'esprit de Noël, façon cocooning ou grâce à de belles sorties ? Avez-vous déjà eu l'occasion de déambuler parmi les chalets de quelques marchés de Noël ? Dressé votre sapin ? Pensé aux mets et festivités qui illumineront votre réveillon ?
De mon côté, ce week-end aura été bigrement cinémaphile puisque cet après-midi, mon sixième film -Casse-Tête chinois- m'attend. Et oui ! Une véritable stakhanoviste du ciné ^^ Et la quantité n'ôte rien à la qualité car j'ai apprécié, voire follement aimé, tous les films que j'ai vus. Mon grand coup de coeur revient cependant à La Jalousie, de Philippe Garrel, que je classerais bien volontiers parmi les dix meilleurs films de l'année tant il m'a semblé intelligent, élégant, pétillant... A l'instar des acteurs, Louis Garrel et Anna Mouglalis, plus gainsbourienne que jamais. Divine. J'ai trouvé Zulu, adapté du roman de Caryl Ferey, extrêmement efficace (plus le film avançait, plus je me tassais sur mon fauteuil ^^) et très bien interprété même si, à mes yeux, l'acteur de la semaine est Gabriel Arcand, acteur québécois et frère de Denys Arcand (le réalisateur des fameux L'Empire du déclin américain et Les Invasions Barbares). Dans Le Démantèlement, Gabriel Arcand est majestueux en avatar du Père Goriot, magistral, beau comme tout, beau comme ce film qui tient du contemplatif western (les paysages sont immenses, donnent l'impression que notre regard porte sur l'infini) et du drame familial et intime, rempli d'émotions, de non-dits, de tendresse. Voyez-le sans hésiter si vous le pouvez, mes Chers. J'ai également eu l'occasion de voir Avant l'hiver, de Claudel, un drame bourgeois au suspense confortable et prenant, façon Chabrol, qui m'a rappelé Dans la maison, d'Ozon. Enfin, après Quand la mer monte, Yolande Moreau nous offre cette semaine son second film, Henri, dont j'ai beaucoup aimé la première partie avant de ressentir une certaine lassitude. Sans doute n'est-il pas suffisant d'aligner les moments tendres et poétiques pour qu'un film touche en plein coeur, il lui faut un peut de corps.
Malgré tous ces bonheurs sur grand écran, j'attends plus que jamais demain car je vais ENFIN voir La Reine des neiges, avec ma petite maman ! Gniiiiiii ^^
Voilà, mes Doux, pour la partie ciné (un peu longue pour une introduction, certes, mais je tenais vraiment à vous suggérer ces films dont on ne parle sans doute pas suffisamment pour certains) (il faut voir La Jalousie et Le Démantèlement !!!).
Revenons à nos moutons, les lectures de Noël.
Dans le cadre du challenge organisé par Mya, nous devons -oui, c'est un ordre ;)- présenter aujourd'hui un album ou un livre pour enfants. J'ai choisi un roman-jeunesse.
Attirée depuis un bout de temps par la série-livresque des Soeurs Grimm, le challenge noëlien m'a amenée à commencer cette saga de Michael Buckley par le tome 4. Oui, oui, je sais, c'est maaaaal ! Ceci étant, je n'ai eu aucune difficulté à me glisser dans l'histoire, grâce aux premiers chapitres qui forment une très solide (re)contextualisation.
On y apprend tout ce qu'il faut savoir à propos des personnages principaux, des enjeux qui les animent, de leur passé, leur parcours, faits de réussites et de déboires.
Les soeurs Grimm ne sont pas sans rappeler la série Once Upon a Time ainsi que Lily et sa soeur Georgie, les petites magiciennes d'Holly Webb. Sauf que Daphné et Sabrina n'ont d'autres pouvoirs que mener l'enquête. Détectives de contes de fées, aux côtés de leur grand-mère depuis la suspecte disparition de leurs parents, elles luttent contre le crime organisé qui règne sur Port-Ferries, une ville où les habitants -nommés les Findétemps- sont des fées et autres créatures fantastiques et où les contes font partie du quotidien. Piégés par les frères Grimm, il y a deux cents ans, les Findétemps considèrent les membres de cette illustre famille comme leurs pires ennemis. Par chance, la fine équipe peut compter sur quelques alliés, dont Puck (oui, oui, celui du Songe shakespearien). Ce dernier, blessé lors d'une lutte contre le Petit Chaperon Rouge, doit être rapatrié au Royaume des Fées qu'il a fui quelque temps auparavant afin de ne pas épouser Papillon. C'est ainsi qu'à quelques jours de Noël, Daphné, Sabrina, leur grand-mère mais aussi M. Canis (alias le Grand Méchant Loup) et M. Jambonnet (l'un des Trois Petits Cochons), se retrouvent à New-York, ville originaire des jeunes filles, où vit cachée une poignée de Findétemps.
Mais à peine sont-ils arrivés que le Roi des Fées, l'autoritaire Obéron est empoissoné.
Une enquête faite pour les soeurs Grimm qui iront de surprenantes rencontres en insolites péripéties. Elles croiseront, en effet, le Magicien d'Oz, les Nains de Blanche-Neige, des pirates mais également Scrooge et le petit Tim ^^
Il est difficile (et sans doute inutile) de définir précisément le genre auquel appartient ce roman. Ce qui est certain, c'est qu'il ne s'agit pas d'un traditionnel conte de fées ! Que nenni ! Bien au contraire, il baigne dans une atmosphère urbaine et moderne, accentuée par le décor new-yorkais. En effet, d'après ce que j'ai cru comprendre, les trois premiers tomes se déroulent à Port-Ferries, dans une ambiance plus champêtre. Au coeur de la Grosse Pomme, l'action se fait absolument décoiffante. Les Soeurs Grimm mêle aux traditionnels contes de fées et classiques de la littérature, une dose d'humour survolté qui -je dois l'admettre- m'a parfois dérangée ainsi qu'une vibrante modernité. Alors que je quittais à peine le doux lyrisme de Lois Lowry, les piques, attaques, petites grossièretés et noms d'oiseaux jaillissant de la bouche de tous les personnages, m'ont quelque peu destabilisée et agacée. Je n'ai pas non plus apprécié que les soeurs se chicanent bien souvent, même si cela permet à deux caractères très différents de se dessiner et de s'affirmer.
Ceci étant, cette lecture m'aura avant tout marquée par son originale et astucieuse hybridité. Si notre patrimoine littéraire se met au service de l'auteur, celui-ci le travestit, l'ensorcèle, le détourne avec habileté. C'est ainsi que les pirates deviennent des traders de Wall Street, mené par Sindbad le Marin tandis que le magicien d'Oz décorateur de vitrines. Pour ne citer qu'eux !
"Chez Macy, une foule incroyable entrait et sortait de façon ininterrompue. Normal. Dans trois jours c'était Noël. Et les milliers de clients paniqués qui achetaient les cadeaux à la dernière minute faisaient partie des événements de Noël... de même que la traditionnelle dinde. (...). Oz y installait des lutins de son invention, censés fabriquer des jouets dans une charmante usine rouge et verte. (...). Le nez sur la vitrine, la foule agglutinée contemplait les remarquables créations du magicien. Il y avait autant de monde devant les autres vitrines du grand magasin, également décorées selon les thèmes de Noël : le Père Noël des chromos, rubicond et dodu avec ses rennes et ses lutins sous la neige, des décors s'inspirant de célèbres contes de Noël, comme Casse-Noisette et le Roi des souris, de Hoffmann, ou Un Chant de Noël, de Dickens. Les vitrines étaient toutes plus féeriques les unes que les autres."
Comme vous pouvez vous en douter, j'ai beaucoup apprécié les passages noëliens mais aussi les très nombreuses références littéraires qui donnent envie de lire encore et toujours ! Il est très amusant de découvrir ces personnages si familiers, parfois stéréotypés, piégés dans ce carcan de tradition séculaire, sous un autre jour. Par ailleurs, l'enquête menée par les Grimm et leurs amis n'est en aucun cas secondaire et le roman distille un vrai suspense qui s'appuie sur de très nombreux rebondissements. Je dirais même TROP nombreux car j'étais parfois un peu perdue au milieu de tous ces noms et coups tordus. A vouloir offrir une intrigue solide, l'auteur la complexifie à outrance, selon moi. D'autant que, parallèlement à l'enquête autour de l'empoisonnement d'Obéron, les soeurs Grimm découvrent de nouveaux indices concernant la disparition de leurs parents et la fameuse organisation de la Main Rouge. Un aspect du récit qui m'a beaucoup intéressée, plus captivée même que l'enjeu de l'enquête-prétexte. C'est plutôt heureux finalement puisque, manifestement, la résolution de cette mystérieuse disparition forme le fil rouge de cette saga que je ne vais pas hésiter à poursuivre. J'ai d'ailleurs emprunté le tome 1, impatiente de visiter le petit village de Port-Ferries et de faire connaissance avec les autres personnages (la maîtresse d'école n'est autre que Blanche-Neige ^^) dans une ambiance, je l'espère, un peu plus paisible !
Un roman atypique qui lorgne du côté de la fantasy urbaine, illustré par de rares mais bien sympathiques dessins en noir et blanc.
Une saga qui gagne a être connue et surtout... lue !
Qu'en dites-vous ?
Je vous souhaite un excellent dimanche, mes Doux, et je retourne à... ma lecture noëlienne du jour : Douces Nuits, recueil de deux nouvelles-romances- publié chez Milady (soit dit en passant, la première nouvelle lue hier soir est affligeante... J'attends donc tout de la seconde qui, ma foi, commence bien).
Des bises :)