Velvet, la série haute couture, haut de gamme
Bonjour mes Chers :)
Afin de varier les plaisirs, je me permets de glisser entre deux billets livresques mon tout dernier coup de coeur "série" que je tiens absolument à partager avec vous. Il s'agit d'une découverte toute récente puisque les deux premiers épisodes de Velvet ont été diffusés sur Teva -chaîne française 100% féminine- dimanche au soir. Lorsque j'ai aperçu le petit encart de présentation en feuilletant mon fidèle Teleramouille, j'ai aussitôt été attirée par le titre, vous pensez bien ! Ce velours qui m'est si précieux... Une étoffe qui m'apparaît à la fois noble et simple, raffiné et solide ; chaleureuse lorsqu'elle recouvre un confortable fauteuil de maison de campagne, d'une élégance folle lorsque de petites mains en font jaillir une veste cintrée, moirée, dans des tons qui annonce un automne chatoyant. Puis j'ai découvert le résumé qui, en plus des grandes lignes de l'intrigue, m'a permis d'apprendre qu'il s'agissait là d'une série hispanique produite par les studios Bambù, à l'origine de Grand Hôtel, feuilleton sauce salsa, dans la lignée de Downtown Abbey, que ma maman a suivi l'été dernier avec enthousiasme. Aussi, nous nous sommes lancées dans le visionnage de Velvet dès lundi, sans une seconde de regret.
Poussez les portes des Galeries Velvet et vous découvrirez le monde aussi merveilleux qu'impitoyable de la mode, en suivant le quotidien d'une maison de haute couture et d'un grand magasin madrilènes, à la fin des années 50. A travers les déboires de la famille Marquèz, à la tête de cette entreprise depuis près de trente ans mais aussi les joies et les peines des employés -des couturières au messager, en passant par le directeur des ventes-, on se régale d'intrigues assurément prenantes.
J'avais quelques appréhensions, redoutant des idylles larmoyantes, des drames sans queue ni tête ; sans doute nourrissais-je quelques a priori quant au goût du public hispanophone et lusophone pour le sirupeux, avais-je en tête certains clichés concernant les telenovelas, avec leur doublage de mauvaise qualité, leurs envolées lyriques pathétiques, leur ambiance roman-photo et leur romances kitshouilles. Rien de tout cela dans Velvet qui offre une qualité, fond et forme, admirable qui la hisse à la hauteur des pépites anglo-saxonnes The Hour, Downtown Abbey, Parade's End, Upstairs Downstairs, Sherlock, Madmen, avec une touche du roman zolien, Au bonheur des Dames (j'ai plus que jamais envie de m'offrir la première saison de Mr. Selfridge en attendant la sortie de The Paradise !!) et de la bande-dessinée Elinor Jones. J'ai également pensé au récit de Rona Jaffe, Rien n'est trop beau, publié en 1958 (année à laquelle se déroule Velvet) ainsi qu'au roman-scrapbook Le Journal de Frankie Pratt, (même si là, nous faisons un bond dans les années 20) que je vais m'empresser d'ouvrir enfin !
Mr. Selfridge, ou l'itinéraire du riche homme d'affaires américain ayany ouvert, en 1909, le grand magasin londonien Selfridge, sur Oxford Street
Esthétiquement, c'est une pure réussite, que l'on se faufile dans les ateliers de couture, véritable ruche où fusent rires généreux et piques bien senties, où monte la pression et se dévoilent solides amitiés ou franche animosité, ou que l'on assiste au défilé de lancement de saison avant d'admirer les robes dans ce grand magasin luxueux mais en aucun cas vulgairement tape à l'oeil, ou encore, que l'on sirote un cocktail dans le salon immaculé de la famille Marquèz, chaque lieu est un ravissement. A l'instar des costumes, bien évidemment. L'esprit des grands couturiers européens souffle sur la merveilleuse garde-robe des personnages, des tenues de soirée aux vêtements de travail, chaque pièce est admirablement soignée, coupée et portée avec une classe comme on en fait plus. Les hommes sont vêtus (et se comportent) tels de parfaits gentlemen tandis que les femmes, qu'elles soient petites mains ou grandes dames, soignent chaque détail de leur apparence. Je fonds littéralement devant les robes inspirées du New Look de Christian Dior, cette mode des années 50 qui flatte toutes les silhouettes. Il est infiniment appréciable de suivre des personnages à l'apparence si soignée surtout lorsque, comme moi, on raffole du vintage dans la mode mais aussi l'art de vivre. J'aime les films tels que Loin du Paradis ou Les Noces Rebelles ; j'affectionne les filmographies d'Audrey Hepburn et de Marilyn Monroe, j'ai été séduite par les séries Mildred Pierce, Mrs Fisher et The Hour, pour ces raisons-là, purement esthétiques et impressionnistes, qui sont les bonus de luxe à des histoires, mises en scène et interprétations haut de gamme.
The Paradise, la série britannique inspirée du roman zolien Au bonheur des dames
Je vous invite très amicalement à oser visionner Velvet, ne serait-ce que le premier épisode. Le seul générique (ohlalala !! la bande-son, en général, est tout bonnement extra !) a suffi à m'enchanter puis je suis très rapidement tombée sous le charme des personnages, avec un petit plus pour Rita, couturière vive et amicale, qui porte les lunettes forme papillon comme personne. J'ai très rapidement été saisie par la trame principale et les intrigues parallèles, qui s'entremêlent astucieusement en évitant les écueils mélodramatiques. L'atmosphère est feutrée mais tendue, le rythme flegmatique autant que trépidant (les épisodes durent soixante-dix minutes qu'on ne sent pas filer), les dialogues bien écrits et la réalisation cousue main. Comme dans les séries susmentionnées, il est très intéressant de découvrir, par le biais d'un divertissement de si belle facture, un univers professionnel, des métiers insoupçonnés mais qui sont les piliers d'un véritable empire ; il est réjouissant de voir se mêler si finement histoires amoureuses, secrets de famille et monde de l'entreprise, de pénétrer les coulisses d'une maison de couture, d'une émission de télévision ou d'un illustre domaine, telle une discrète souricette :)
Une merveilleuse découverte qui donne un grand coup d'éclat à un été quelque peu tristoune.
Des bises, mes Chers :)