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She wore blue velvet
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31 janvier 2014

Le salon d'honneur du Grand Palais : un écrin féerique pour l'exposition Cartier

Bonjour tout le monde !

Je vous propose, en cette veille de week-end, une balade muséale au sein d'un de mes musées favoris, qui, à l'occasion de l'exposition consacrée à la maison Cartier, brille littéralement de mille feux et mérite, plus que jamais, sa réputation d'exceptionnel écrin, d'autant que l'événement se tient non pas dans les grandes galeries mais au coeur du salon d'honneur, une première depuis sa restauration en 2012. Le Grand Palais -à l'instar d'Orsay- m'enchante par ses scénographies et la générosité de ses expositions dont on ressort toujours satisfait, grandi, nourri, avec la pleine conscience d'avoir vécu un moment privilégié, entre érudition, passion et beauté.

Cet événement ne déroge pas à la règle, grâce -notamment- au travail des graphistes Antoine+Manuel qui ont paré les murs du salon, plongé dans pénombre, de projections féeriques, nous donnant alors le sentiment de nous fondre dans un univers poétique, magique, teinté de surréalisme et de décadence. Je dois néanmoins avouer qu'en dépit de cet impressionnant décor, mettant en valeur le majestueux arbre de tiares qui nous accueille, l'histoire des frères Cartier m'a moins captivée que les rétrospectives consacrées aux peintres et photographes, proposées par le musée ces dernières années (Braque, Vallotton, Redon, Warhol, Turner,...).

Cartier88

En effet, l'odyssée -pourtant grandiose- de la fratrie apparaît bien fade, retracée de manière superficielle et sans chaleur. Voulant sans doute mettre en valeur les bijoux plus que les créateurs, le parcours n'offre pas une introduction idéale qui donnerait envie de s'attacher à cette illustre maison, de suivre avec intérêt son évolution. Néanmoins, les références culturelles sont nombreuses, les commissaires de l'exposition ayant mis un point d'honneur à se positionner comme historiens de l'art et non comme spécialistes en joaillerie, afin de contourner l'écueil du catalogue bling-bling. Délicate affaire, dont ils se sortent brillamment, sachant que plus de six cents pièces sont exposées, des créations les plus classiques dites du style "guirlande" aux impressionnantes parures multicolores (le style "tutti frutti" so Des Esseintes ^^), en passant par d'insolites accessoires, sans oublier de nombreuses toiles, photographies, robes splendides et documents d'archives.

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Ce parcours nous éclaire brièvement sur l'ascension de la famille Cartier, au fil des changements d'adresse et ouvertures des nouvelles boutiques ; de la reprise du petit atelier de la rue Montorgueil en 1847 à l'adresse new-yorkaise (sur la Cinquième Avenue, of course ^^), se sont cent soixante-cinq années d'histoire du bijou et de l'art qui sont retracées.

L'exposition se fait rapidement plus pertinente et intéressante lorsqu'elle nous dévoile les liens unissant Cartier au monde aux arts, notamment les Arts Décoratifs. Elle nous révèle également l'engouement des frères pour les motifs orientaux, leur passion pour l'Egypte et l'Inde, leurs relations avec les Maharadjahs qui ont contribué à faire évoluer le style de la maison, en fonction des goûts et des codes de l'époque.

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Cartier se forge une solide réputation fondée sur de belles rencontres.

Sacré "Joaillier des rois, roi des joailliers" par Edouard VII d'Angleterre, en 1902, suite à la commande de vingt-sept diadèmes à l'occasion de son règne, Cartier devient rapidement le fournisseur des cours d'Europe.

Par ailleurs, nombreuses sont les femmes riches et célèbres -de douces excentriques, des héritières capricieuses et amatrices d'art, figures du gotha ou de la haute société américaine- ayant contribué à l'édification du mythe Cartier ; des ambassadrices de choc et de charme qui avaient compris comment briller en société autrement que par leur conversation (oh !!).

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Le parcours nous invite alors à découvrir quelques portraits de cette élite féminine, agrémentés d'anecdotes plutôt savoureuses. Les vitrines plus modestes offrent une ambiance plus intime et intimiste ; une petite pause bienvenue est également proposée devant un écran géant diffusant des extraits de films mettant en scène les bijoux Cartier : Comment voler un million de dollars, de Wyler, Lifeboat, d'Hitchcock, Les hommes préfèrent les blondes, d'Hawks, La Belle et la Bête, de Cocteau, Le ciel peut attendre, de Lubitsch et Arsène Lupin, de Salomé (cherchez l'erreur ^^). Sans doute mon moment favori de l'exposition !

Telle une gossip girl avertie, j'ai pris quelques notes croustillantes !

Alors que Marjorie Merriweather Post est présentée comme l'héritière la plus riche des Etats-Unis à l'âge de vingt-sept ans mais surtout comme une passionnée d'art, collectionneuse d'art décoratif français et russe, incarnant le raffinement de la haute société américaine, Wallis Simpson, Duchesse de Windsor (d'origines modestes) est caractérisée par son élégance, ses vêtements très classiques mettant en valeur ses bijoux fantaisistes. Elle est surtout la cliente pour qui sera créé le premier bijou panthère en trois dimensions (emblématique de la maison), en 1948.

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On nous rappelle qu'Elizabeth Taylor a intitulé son autobiographie, publiée en 2002, My love affair with jewelry, ce qui en dit long sur son rapport aux bijoux... Et pour cause, son mari, Richard Burton, la couvre de joyaux et lui offre notamment le Burton-Taylor, un diamant de 69,42 carats qu'elle portera lors des Oscar, en 1970 ; quant à Grace de Monaco, elle apparaît sur le portrait officiel de 1956 parée de bijoux Cartier.

Célèbre héritière, Barbara Hutton, est une cliente fidèle de la maison et se distingue par sa collection de bijoux ayant appartenu à Marie-Antoinette et l'Impératrice Eugénie. Adepte du style félin, celle que l'on surnomme "Poor little rich girl" préfère néanmoins le tigre à la panthère (ahlalala ! certaines sont prêtes à tout pour se faire remarquer ;)).

L'histoire de cet emblème d'un siècle m'a vivement intéressée. La première allusion au motif animalier préféré des dessinateurs remonte à 1914 et le fauve n'aura de cesse de charmer les Elégantes pour qui il incarne la femme décomplexée. 

Pas étonnant alors que l'exposition s'achève sur un étonnant bijou, une broche-pince en platine et or blanc créée en 1949, à partir de diamants blancs et jaunes, montée sur un saphir-cachemire de 152,35 carats, qui laisse sans voix. Il s'agit de la deuxième panthère vendue à la Duchesse de Windsor (la première étant montée sur une émeraude).

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Griffes félines mais gants de velours pour cette odyssée Cartier enchanteresse qui démontre que les diamants -même gros comme le Ritz- ne sont pas seulement les meilleurs amis des femmes mais avant tout des artistes.

Pardonnez les clichés qui manquent d'éclat et de netteté, le flash étant interdit.

Bonne journée mes joyeux joyaux :)

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Commentaires
E
Alors là, tu devrais t'adresser à Ambre, la soeur de Princesse Sofia (ma nouvelle amie de coeur) puisqu'elle collectionne les diadèmes, héhé !!<br /> <br /> J'ai la chance de pouvoir visiter les expositions en matinée et en semaine donc je rencontre rarement ce problème.<br /> <br /> <br /> <br /> Ceci étant, j'ai visité une exposition samedi en début de journée et il n'y avait pas un chat non plus ! Je dois avoir de la veine ^^
F
Dis, comment on devient une princesse ?!<br /> <br /> Parce qu'après avoir vu cette expo je veux un diadème ! En revanche j'ai quand même moins apprécié que toi. je l'ai visité avec Poleen et il y avait bien trop de monde agglutiné devant les vitrines :(
E
Vraiment ?<br /> <br /> La "marque" Cartier est pourtant de renommée mondiale pas seulement célèbre en France. Tu as forcément dû croiser une affiche publicitaire, notamment pour la bague Trinity, qui est un incontournable au royaume du bijou féminin !
C
Je n'ai jamais entendu parler de ces frères Cartier, je suppose qu'ils sont célèbres en France? Très beau en tout cas, tes photos font rêver!
F
C'est tout simplement magnifique !! Un peu de rêve... Merci d'avoir partagé tes photos, Emma ;-). Bises et bon week-end !!
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