Souvenirs goutte à goutte (Omoide Poroporo), un animé tendre et buccolique, de Isao Takahata
Bonjour mes Chers :)
Dimanche après-midi, après notre très sympathique séance de bavardages, j'ai eu envie de regarder un animé et, entre mes nouvelles acquisitions disneyiennes et mes quelques achats un peu plus anciens, mon coeur balançait ferme. J'ai finalement opté pour une oeuvre du Studio Ghibli, tellement enthousiasmée par mon récent (re)visionnage d'Arrietty. Lorsque j'ai besoin de quiétude et de belles images, je mets bien souvent tous mes espoirs dans les animés nippons et jamais encore je n'ai été déçue (même si j'ai été peu sensible à certains films, notamment Le Voyage de Chihiro, j'en tire toujours un plaisir indéniable grâce aux dessins). Pour la toute première fois de la saison, grâce au changement d'heure, la nuit s'est installée dès la fin de l'après-midi, ma chambre plongeant alors tout doucement dans l'obscurité, à mesure que les dessins sublimes, délicatement colorisés, se déployaient sur mon petit écran. J'aime cette période de l'année où dès 18 heures, on est invité à allumer quelques bougies et à donner vie à nos guirlandes lumineuses ; vous savez, celles formées de petites boules colorées !
Je n'avais jamais entendu parler de Souvenirs goutte à goutte avant de le croiser en magasin. J'ai été aussitôt séduite par le résumé de l'histoire, celle de Taeko, une citadine de vingt-sept ans qui, au cours d'un séjour à la campagne, replonge dans ses souvenirs d'enfance, remontant jusqu'à l'année de ses onze ans, en 1966. Vous connaissez à présent mon goût et mon intérêt pour tout ce qui touche à la nature ainsi que mon attachement au monde de l'enfance. Souvenirs au goutte à goutte promettait nostalgie, tendresse et escapade au milieu de verts paysages ; il n'en fallait pas plus pour me tenter et dès les premières minutes, j'ai été totalement charmée par cette oeuvre.
Adapté en 1991 du manga intitulé Omohide Poroporo, cette ouevre n'est sans doute pas la plus connue du Studio Ghibli et c'est infiniment regrettable. Aussi, j'espère trouver les mots pour vous transmettre tout le bonheur qu'elle m'a apportée, tandis que lovée dans les bras de mon gros nounours en peluche, mes jambes réchauffées de mon plaid félin, je faisais la connaissance d'une jeune femme qui m'a touchée en plein coeur.
Lorsque nous la rencontrons, Taeko -lassée par son travail dans une entreprise de Tokyo- décide de s'éloigner quelques jours de la ville, dont elle ne supporte plus le rythme effrené, le bruit, les odeurs,..., pour la région rurale de Yamagata, dans la famille de son beau-frère. Là-bas, elle participera aux récoltes de Carthame, utilisée par les teinturiers. Alors qu'elle monte dans le train et que sous ses yeux le béton cède sa place aux vastes prairies, elle renoue avec la petite fille qu'elle était, seize ans plus tôt. Les voyages en train sont des parenthèses enchantées parfaites pour se laisser aller à de douces rêveries.
Qui n'a pas le sourire aux lèvres en repensant à son programme télévisé préféré ?
Première fois sur scène...
On découvre alors une enfant qui souffre énormément de n'avoir point de famille à la campagne, elle qui rêve de jouir des plaisirs simples de la nature, comme ses petites camarades de classe qui toutes ont la chance de passer leurs vacances d'été loin de la ville. Puis vient la rentrée. On suit alors Taeko entre sa vie de famille et son quotidien d'écolière : relations houleuses avec ses deux soeurs aînées, un brin prétentieuses, qui se soucient peu d'elle, premier amour timide, match de base-ball, discussion avec les copines autour de la féminité et ses petits désagréments ^^, difficultés face aux abominables fractions !, rêves de comédienne avortés, et bien d'autres événements, petits ou grands, de ces jeunes années lui reviennent en mémoire.
L'épisode de l'ananas est vraiment très amusant ! Et oui ! Comment s'y prendre avec ce fruit entier lorsqu'on a l'habitude des rondelles en conserve ?!
La structure narrative de cet animé tout doux est basée sur l'alternance entre passé et présent. Aussi, suit-on avec joie le déroulement du séjour campagnard de cette héroïne à laquelle on s'attache sans peine. Au sein de la petite communauté de campagnards très attachants, qui vivent des richesses de la terre, elle découvre l'importance des valeurs traditionnelles et surtout prend conscience de son grand attachement à la vie en pleine air qui lui procure bien-être et joie de vivre. Elle se confie à son ami, un jeune agriculteur récemment lancé dans l'agriculture biologique, et lui révèle cet étrange sentiment de se sentir ici comme au pays natal et d'éprouver pour cette région une forme de nostalgie, alors qu'elle n'y a jamais vécu. Il semble évident que Taeko ne fait qu'un avec les paysages majestueux qui l'entourent et que nous visitons, les yeux remplis d'étoiles, au fil de ses promenades. Entre campagne et hautes montagnes -toutes de vert vêtue à la belle saison et qui promettent de revêtir leur blanc manteau l'hiver venue-, les heures passées aux champs, où elle travaille avec un entrain tout sourire, c'est une vie idyllique qui se dessine. Un choix se profile alors à l'horizon : doit-elle écouter la voix de la raison et retrouver sa vie monotone de citadine ou suivre son coeur en restant à la ferme ?
Ce sont les toutes dernières images du générique de fin qui nous révelle un dénouement tant attendu.
Souvenirs goutte à goutte est un animé charmant et tendre, dans la lignée de Mon Voisin Totoro, et n'est pas sans rappeler des univers bien-aimés tels que Dans les Alpes avec Annette, Les Quatre filles du Docteur March, les romans de Lucy Maud Montgomery, les toiles de Carl Larsson, par la douceur de ses dessins et de son atmosphère, tout en délicatesse. Il est, en outre, un très bel hommage à la vie paysanne, à la fois dépeinte avec réalisme et idéalisée (l'héroïne n'est toutefois pas naïve et mentionne les difficultés inhérentes à la rudesse de cette vie qu'elle a conscience de connaître sous son meilleur jour). On se réjouit du lien qui unit la nature aux hommes, du respect que ces derniers vouent à leur environnement sur lequel repose leur survie. Le réalisateur rappelle alors de beaux fondamentaux écologiques, thème récurrent au Studio Ghibli. La nostalgie imprègne le film, à travers les souvenirs de Taeko, bien sûr, mais aussi par l'évocation des valeurs traditionnelles mises en scène. Il s'agit d'une nostalgie heureuse qui, bien loin de nous guider vers un sentiment de tristesse, de désespoir "blasé", nous entraîne vers de très belles émotions, tandis qu'évolue avec grâce Taeko qui se révèle un très beau personnage ; elle est une enfant malicieuse, sérieuse, gentille, plutôt effacée et devient une jeune femme réfléchie, posée, délicate et sensible , les deux faces d'une personne indéniablement aimable.
Souvenir goutte à goutte est ni plus (quoi que !) ni moins qu'un coup de coeur. Non seulement, je n'ai pas vu les deux heures qu'il dure s'écouler mais j'ai pris un immence plaisir à suivre l'évolution de Taeko à laquelle je n'ai pu faire autrement que de m'identifier. Comme elle, la vie citadine me pèse bien souvent et le manque de verdure, de simplicité, de douceur de vivre me pèse infiniment. Même si je mesure la chance que j'ai de vivre ici, que je suis reconnaissante de tous les plaisirs que Paris me procure et que la vie à la campagne n'est pas une sinécure de tous les instants, je demeure profondément nostalgique de cette vie qui n'est pas la mienne et qui, j'en suis certaine, serait parfaitement adaptée à mes valeurs et ma philosophie de vie, à mes besoins aussi, de lenteur, de contemplation. Que des oeuvres telles que celle-ci existent est une bénédiction pour moi, et plutôt que des regrets, c'est une immense gratitude que je nourris et éprouve pour les artistes -mais aussi certaines de mes copinautes ^^- qui me communiquent, par le biais de mots, d'images, de couleurs, de formes, de notes, et que sais-je encore, leur vision du monde et m'offrent des voyages au pays de mes rêves.
J'espère vous avoir donné envie de vivre cette douce escapade au vert. Pour ma part, j'ai plus envie que jamais de m'offrir Pompoko ! L'avez-vous vu ?
Je vous souhaite à tous une merveilleuse journée, toute paisible -au moins dans votre coeur !-.
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