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4 septembre 2013

A pas de loup, d'Olivier Ringer -Enfance, nature et "conte de faits"

Bonjour mes Doux,

En ce mercredi et, a fortiori, en cette semaine de rentrée des classes, j'ai envie de poursuivre mes suggestions en me plaçant à hauteur d'enfant. Aussi, je vous propose un film aussi beau que passionnant, sorti sur nos écrans en 2011.

Comme vous le savez, j’ai profité de mon séjour au vert pour me balader dans une ville que j’adore –mon petit cocon médiéval ^^- mais aussi me reposer, ce que j’ai pu faire de manière tout à fait agréable en multipliant les emprunts à la médiathèque au fonds incroyablement généreux.

Ainsi, du département cinéma, j’ai pu repartir avec A pas de loup, dont j’avais relevé la sortie en salle l’an passé mais que je n’avais pas eu l’occasion de voir. Cela m’aura permis de faire un beau rattrapage au cours d’une soirée sublimée par l’aura de ce bijou au doux parfum d’enfance, d’une très rare intelligence et d’une infinie délicatesse, mêlant pertinence du propos, tendresse et humour. Vous l’aurez compris, dès mon introduction, A pas de loup est un film qui m’a enchantée et dans sur les traces duquel je vous encourage chaleureusement à vous mettre sitôt terminée la lecture de ce billet (ah ba oui, quand même ^^).

a-pas-de-loup

 

A pas de loup met en scène une petite fille –nous ne verrons jamais le visage de ses parents- qui endure chaque vendredi soir le même calvaire : le départ pour la maison de campagne, où son papa et sa maman, bobos-parisiens-stressés du bulbe-typiques, souhaitent se détendre et se ressourcer invariablement.

Une fois grimpée dans la voiture, solidement attachée, voici notre fillette partie pour un trajet aussi long qu’ennuyeux au cours duquel elle n’a absolument rien à faire (sa DS vient de la lâcher lâchement, elle ne peut même plus compter sur le Lapins Crétins pour la divertir), sinon observer et monologuer. Ce sont toutes ses réflexions qui forment le récit qui suit le cours vif de ses pensées les plus intimes. Et la toute première, une question qui justifie le film et résume tous ses enjeux, est la suivante : « Si je n’étais pas là ? Si je m’en allais ? Est-ce que ça changerait quelque chose ? »

C’est que, depuis quelque temps, et tout particulièrement lors de ces courts séjours à la campagne, elle nourrit le triste sentiment d’être invisible pour ses parents. Elle se demande d’ailleurs pourquoi les gens « habitent tous en ville si c’est pour aller tous les week-end à la campagne. » C’est vrai, quoi ?!

Elle commence alors à tester leur réaction, tout en douceur, en détachant sa ceinture. Pour voir ce qu’il se passe, si son père va bouger une oreille on continuer de conduire comme un automate… Sa mère ? Pas la peine d’y songer, chaque vendredi soir, c’est pareil : sitôt dépassé le Louvre, elle s’endort. Elle se détache alors, compte jusqu’à six et… Rien.

La journée du lendemain nous permet de comprendre et de compatir aux craintes de Cathy. En effet, ses parents ne s’occupent absolument pas d’elle ! Son père part à la pêche mais ne la réveille jamais pour qu’elle l’accompagne et lorsque sa mère l’emmène avec elle à la ferme où elle achète légumes et œufs frais, elle ne l’autorise pas à sortir de la voiture, de peur qu’elle se salisse. Parce que la ferme, c’est sale, voyez-vous.

Quel ennui et quel désespoir aussi…

Aussi, le dimanche soir, au moment tant attendue du retour à la ville, elle décide de rester à la campagne et elle a, pour cela, un plan imparable : elle ouvre la portière… et la claque. Inutile d’ajouter « dans la grande indifférence de ses parents ».

Et voilà notre magnifique film (tourné en famille -réalisateur et actrice sont les parents de la talentueuse interprète de Cathy, Wynona Ringer)  qui commence car, non mes Chers, jamais je n’aurais osé vous donner autant de détails s’ils étaient fondateurs et fondamentaux : il vous reste tout à découvrir car la petite fille, malicieuse et téméraire, non dénuée d’une sacrée dose d’humour, va passer plusieurs jours dans la forêt, où elle va vivre sa grande aventure. Il lui faudra trouver un endroit où dormir mais surtout de quoi se nourrir, tout simplement survivre dans ce milieu tantôt paradisiaque tantôt menaçant.

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Non sans quelques clins d’œil aux contes de notre enfance, notamment Le Petit Chaperon rouge, A pas de loup se révèle un film étonnant, par son fond et sa forme puisqu’il met en scène un seul personnage, cette petite fille attachante pour laquelle on éprouve une immense empathie, et prend le risque d’offrir pour seul texte ses propres réflexions. Pour autant, ce monologue champêtre n’a rien de monotone, bien au contraire (Cathy est non seulement drôle et vive mais aussi très bavarde) (c’est une fille ^^). A pas de loup mêle à l’intelligence de son propos, un dynamisme qui ne cesse de nous épater. Dans ce film, aucun effet spécial, pas de grosse musique qui tache ni de spectaculaire mais il y règne néanmoins une ambiance –une véritable ambiance- qui prend le temps de s’installer tout en nous offrant le privilège de nous y lover. Des moments de grâce traversent alors ce film solaire qui ne ressemble à aucun autre mais ne manquera pas de nous rappeler tout un monde que nous connaissons bien, l’enfance et toutes ses difficultés, toutes ses joies et ses douleurs. Les questions que se pose Cathy, les réflexions qu’elle fait à tout propos sont d’une justesse déconcertante –on se reconnaît forcément dans ses mots- sans pour autant faire d’elle un petit singe savant agaçant (l’écueil des films reposant essentiellement sur un personnage-enfant). Le monologue ne connaît aucune fausse note et s’insère dans un enchaînement d’images ingénieusement monté.

film-a-pas-de-loup-

 

Une œuvre brillante, à découvrir absolument et à partager avec les enfants, bien évidemment, sur lesquels on pose soudainement un autre regard car, même s’il suffit d’un rien pour nous rappeler notre propre enfance, nous avons tendance –solidement ancrés dans nos chaussures d’adultes- à oublier ce que signifie être un enfant. Les remarques des parents, qu’ils pensent anodines, peuvent être des flèches tout comme certaines de leurs réactions, trop brutales, en décalage avec leurs habitudes, peuvent nous ébranler. Quand on est petit, on a tôt fait de se sentir mal-aimé, il suffit d’un mot, d’un geste maladroit. Je serais alors curieuse et ravie de recueillir l’opinion de parents et/ou enseignants à propos de ce film, leur point de vue concernant les réflexions de Cathy mais aussi leur sentiment concernant leur propre enfant, les remarques de ces derniers ou des élèves, après ce délicat voyage.

Et oui, mes Amis, je vous livre une pépite d’or sur un plateau d’argent et m’octroie le droit de vous donner des devoirs de vacances en échange. Donnant-donnant ;)

Passez une belle journée ensoleillée, mes Agneaux ;)

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Commentaires
E
Oh que oui, j'en suis certaine :)
M
C'est déjà noté Emma, Je vais aimer ce film je crois! :)
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