Londres sur grand écran : "Ginger et Rosa" et "Trance", deux coups de coeur cinématographiques pour le mois anglais

Hello, Hello !

Que diriez-vous de commencer la semaine par une petite virée londonienne ?!

En l'espace de deux semaines, j'ai eu la chance de dévouvrir deux films qui se sont révélés deux coups de coeur : le mois anglais me porterait-il chance ?

Londres, début des années 60. Le quotidien de deux adolescentes, Ginger et Rosa, inséparables depuis leur naissance. Ensemble, elles traversent ce qui fait une vie quand on a dix-sept ans et qu'on n'est pas sérieux, mais la guerre nucléaire menace et les familles explosent tandis qu'il faut sortir de l'enfance  pour entrer dans l'âge adulte. Pas si simple pour des jeunes filles sensibles, en quête d'indépendance -certes- mais aussi de repères. De pères ? Entre Rosa qui n'a jamais connu son géniteur et Ginger qui admire le sien, qu'elle doit cependant appeler par son prénom, on ne saurait quel traumatisme choisir.

Ginger et Rosa est un film d'ambiance, celle de cette Angleterre des années 60 qui, je m'en aperçois de livres en films, me fascine. Le duffle-coat côtoie le trait de eye-liner, le thé remplit les tasses tandis que les pies à la viande  garnissent les assiettes et les toasts croustillent de bon matin  ; l'uniforme est de rigueur au lycée mais jazz et rock and roll s'époumonent sur le tourne-disque et dans le juke-box (la bande-son est al dente), on évoque Simone de Beauvoir, l'existentialisme,... Pour cela, le film de Sally Potter n'est pas sans rappeler Une Education, Submarine ou Nowhere Boy. Deep End également, avec un soupçon de Good Morning England. Que des films que j'ai follement aimés.

Mais Ginger et Rosa est aussi un film de personnages, qui repose sur un casting simple et magnifique : Christina Hendricks, pulpeuse rouquine devenue maman trop tôt, femme au foyer désespérée qui aspire à reprendre les rênes de sa vie, Annette Bening, Alessandro Nivola, Timothy Spall, Alice Englert et -surtout, SURTOUT- Elle Fanning, aussi lumineuse que fragile, délicate, sensible. Elle confirme ici tout le bien qu'il était possible de penser d'elle après Somewhere. La rousse Ginger, poétesse et milante, accroche notre regard et notre coeur. J'ai eu la forte impression durant tout le film qu'elle portait la voix et les souvenirs de la réalisatrice, tant son personnage sonne juste. Peut-être n'y-a-t-il rien d'autobiographique dans ce film, je n'ai pas cherché à le savoir, mais cette impression révèle l'implication de Sally Potter et la tendresse éprouvée pour ce personnage.

Rosa est un peu plus en retrait dans la seconde partie du film -et devient à peu près détestable, je dois dire. Mais toute la première partie, consacrée au duo d'adolescentes, dégage un fort dynamisme qui sublime leur complicité à travers des petites tranches de quotidien : le jean qu'on fait rétrécir en se plongeant -tout habillées- dans la baignoire, les cheveux qu'on lisse au fer à repasser, les premières clopes partagées, fumées dans le terrain vague, les premières cuites et actes de rébellion... Des banalités, des bouleversements, c'est du pareil au même lorsqu'on a dix-sept ans et qu'on cherche à découvrir ses propres limites et celles du monde.

Ginger et Rosa, avec toute la pudeur et l'énergie inhérentes à l'adolescence, sa complexité aussi, se révèle bouleversant par sa cohérence et sa justesse, l'émotion qu'il inspire, ainsi que le grand sentiment de bien-être et l'espoir qu'il imprime en nous pour longtemps.

Même ville, autre époque mais toujours ce sentiment d'être plongée, immergée dans une ambiance singulière, pleine de personnalité et d'énergie. 

Un casse qui tourne mal, un voleur assommé qui perd la mémoire, un tableau d'une valeur inestimable disparu dans la nature et un seul remède : l'hypnose. A l'arrivée : un film totalement déjanté, survolté mais étonnamment cohérent et intelligent.

J'avais beaucoup d'appréhension avant de voir Trance, il m'a d'ailleurs fallu deux semaines de réflexion avant de me lancer, ce qui est beaucoup pour moi car, concernant les films, j'aime les voir dès leur sortie (je suis une peu toc-toc). Ce qui me freinait ? Cette réputation de puzzle psychologique que se traînait Trance, dernier méfait signé Danny Boyle (réalisateur que j'apprécie bien volontiers, surtout lorsqu'il renoue avec l'esprit de Trainspotting), qualifié de "Inception de poche", glorifié par certains critiques, moqué par d'autres. Grande admiratrice de David Lynch, adoratrice de Mulholland Drive, je demeure néanmoins frileuse face aux films qui sont une menace de grande prise de tête : rigoureuse et ultra-perfectionniste, je déteste ne rien comprendre et, lorsque cela arrive, c'est le pétage de neurones assuré jusqu'à l'Eurêka désiré.

J'ai fini par me lancer, séduite par le casting et finalement plus curieuse que craintive ; je n'avais pas grand chose à perdre, sinon gagner une occupation pour ma prochaine insomnie.

Dès les premières minutes, j'ai été totalement embarquée par la folie boylesque ! Il se dégage une  énergie dingue de ce film, doté d'une bande-son qui donne furieusement envie de sautiller dans tous les sens. Je n'avais pas ressenti ce vif engouement depuis des lustres, cette impression d'être galvanisée, en trance (tiens donc), arrachée à mon fauteuil pendant un film.

Quant à la compréhension du texte... Heu... du scénario ? A bien des reprises, je me suis effectivement sentie complètement larguée mais, vous savez quoi ?, Dieu que j'ai aimé ça ! J'ai adoré me sentir baladée par le réalisateur, larguée dans les méandres de cette psychothérapie étrange, il m'a paru jubilatoire, voire galvanisant, d'être menée par le bout du nez... Jusqu'à un dénouement heureusement fluide (donc zéro frustration côté décryptage) et bigrement Girl Power (grâce à la belle prestation de Rosario Dawson), ce qui m'a comblée d'aise, vous pensez bien !

Voici donc deux films, deux belles réussites, qui -en ce début de Mois anglais- s'imposent comme des incontournables, chacun dans leur genre mais avec -dans les deux cas- une sacrée personnalité qui fait plaisir à voir, dans un paysage cinématographique parfois un peu fadasse et convenu.

Je n'ai pas encore étudié en détails la programmation de juin mais j'espère que d'autres pépites so british nous attendent !

Et de votre côté, mes Chers, un dernier coup de coeur ciné ?

Comments

[Shelbylee]

Je regrette d'avoir aussi hésité pour Trance du coup.

Je note Ginger et Rosa pour plus tard. Je trouve aussi qu'Elle Fanning est une actrice très intéressante. Une grande carrière s'ouvre devant elle si elle continue à faire les bons choix.

[Alexandra]

J'avais vu la bande-annonce "Transe" qui m'avait plu, ton avis plus que favorable me donne envie d'aller le voir. J'aime bien quand un film nous mène en bateau jusqu'au dénouement histoire de se remuer les méninges.



Par contre, même si ton billet est très chouette et que "Ginger et Rosa" m'a tout de suite fait pensé à "An education" que j'ai adoré, je dois avouer que j'ai un peu de mal avec les films qui parlent des ados. J'ai toujours l'impression de nager dans les clichés. Mais, "Ginger et Rosa" est peut-être meilleur que les autres ou alors je n'ai pas vu les bons films d'dos.



Pas de coup de coeur ciné pour l'instant mais j'ai très envie d'aller voir "Stoker" qui sort avec 2 semaines de retard au ciné près de chez moi. Va savoir pourquoi... ^^ Tu l'as vu ? Coup de <3 assuré ?

[Poleen]

De mon côté, je rattrape difficilement mon retard des semaines dernières, avec, dernier en date, l'adoré "Mud" vu hier après-midi !

Cependant, je note précieusement ces deux films, car ils me tentent énormément ! "Ginger et Rosa" te rappelle tous ces films que j'ai tant aimés aussi, cela ne peut qu'être bon signe ;)

Et pour "Trance", rien que le trio d'acteurs me donne envie d'y foncer !

Merci pour ces bons conseils ! Passe un doux et ensoleillé lundi ma belle !

Grosses bises

[Mrs Figg]

Je note "Ginger et Rosa", tu en parles tellement bien que j'ai envie de filer de suite au cinéma lol !