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She wore blue velvet
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9 juillet 2013

Cheveux Chéris, Frivolités et Trophées, au musée du quai Branly

Bonjour mes Chers :)

Comment allez-vous en cette presque fin de journée, toute jolie, toute chaude ? Vous attendez avec impatience l'heure de l'apéro pour paresser en terrasse ou dans votre jardin, pour les plus veinards ? J'imagine que les bords de Seine seront pris d'assaut d'ici peu de temps, par les mangeurs de tomates-cerises et autres buveurs de rosé. Ah ! Quelle décadence ^^

Pour ma part, je me suis réveillée très tôt ce matin, comme j'aime. A sept heures, j'avais déjà dévoré quelques chapitres des Filles de l'ouragan, je sentais la pêche de vigne, étais pomponnée, moulée dans mon slim à pois et parfumée (Petite Chérie d'Annick Goutal, mon parfum fétiche, aux notes de pêche également, très estival, gourmand mais pas écoeurant), prête à vivre pleinement une nouvelle journée. J'ai terminé -le coeur tout serré- mon roman en dégustant quelques tasses de French Breakfast puis croqué une pomme juteuse. Quel plaisir de constater que la matinée est à peine entamée et que tant d'agréables activités l'ont rythmée.

Cet après-midi (alors même que l'exposition De l'Allemagne, présentée au Louvre, referme ses portes sans que j'aie pu transformer d'un coup de clavier magique ma visite en billet... Désolée, les Amis), je me suis rendue un peu catastrophée au musée du Quai Branly qui accueille depuis le mois de septembre l'exposition Cheveux Chéris. Comme toujours, je suis tombée dans le piège du temps et c'est à cinq petits jours du tout dernier (le 14 juillet) que j'ai traversé le pont de l'Alma en direction du magnifique édifice, dédié aux civilisations et arts d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. La collection permanente est d'une incroyable richesse, quant au jardin, il est somptueux, véritable invitation à l'évasion.

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Et Hop ! Une Dame de fer qui surgit d'entre les herbes folles !

L'exposition se décline en trois sections.

La première, intitulée Frivolités, aborde sous un angle qu'on pourrait juger superficiel, la chevelure dans tous ses états : longue, courte, ondulée, blonde, brune, crépue,... Elle se montre étonnamment riche de significations selon la forme qu'elle adopte ainsi que sa couleur. Sont évoqués les grands mythes sociaux : la blonde ingénue, la brune aventurière, la rouquine démoniaque ; les longs cheveux des rois de France côtoient ceux des marginaux, les crânes rasés rougissent face aux volumineuses coiffures afro. Du style, rien que du style ? Non, pas seulement. Lorsque nos cheveux se mettent en quatre, ce n'est jamais "juste" pour faire joli mais pour transmettre un message, au même titre qu'un vêtement choisi avec soin, qu'une parole mûrement réfléchie.

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Brunes ou rousses ?

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Notée dans mon carnet pour cet été, la visite du musée Jean-Jacques Henner, à qui l'on doit cette liseuse alanguie, toute de rousseur dévêtue.

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Petit choco-clin d'oeil avec ce portrait de Denise -1900-1902- fille qu'Emile Zola eut avec Jeanne Rozerot et dont il réalisa de nombreux portraits.

La deuxième section est consacrée à la perte, volontaire ou contrainte. 

C'est la partie de l'exposition que j'ai préférée, sans doute pour son aspect socio-historique. Elle nous rappelle, en effet que, si la chevelure est porteuse d'un fort message, s'en séparer ne peut être un geste anodin. Rites initiatiques ou religieux, la perte peut signifier le passage d'un âge à un autre, d'un statut social à un autre (ah ! le rendez-vous post-séparation chez le coiffeur, quand ce ne sont pas de grands coups de ciseaux rageurs qui permettent aux belles de dire leur chagrin et leur amertume). Par ailleurs, les parures soyeuses peuvent se couvrir d'un voile quand elles ne sont pas sacrifiées et offertes en gage d'amour. Tresse-souvenir d'enfance rangée au fond d'un tiroir, mèche entortillée autour d'une rose fanée,... Le cheveu voyage, dit l'amour, la fidélité, la transition. Mais la perte contrainte dit aussi la violence de l'Homme, les drames de l'Histoire, lorsqu'on pense aux femmes tondues, en Europe (Espagne, Allemagne, France), entre les années trente et la fin de la Seconde Guerre mondiale ; les cheveux se prennent pour des feuilles d'automne, tombent en tourbillonnant lorsque se rident les visages, le temps de la vieillesse.

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Enfin, la troisième section enfonce le clou et nous démontre Les Pouvoirs du cheveu, tout particulièrement dans les cultures non-européennes. Pour l'occasion, le musée a pioché dans sa propre collection et rassemblé une centaine d'objets, liés aux rites et mythologies du bout du monde. Trophées et scalps, pour dire la victoire et la supériorité sur l'ennemi, coiffes et objets tout puissants (charmes et armes) dans lesquels sont glissées quelques précieuses mèches magiques, on constate que le cheveu n'est pas qu'affaire de séduction. Par son caractère imputrescible, de la naissance à la mort, il s'impose comme le lien sacré entre les vivants et leurs ancêtres, l'ici et l'au-delà.

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Coiffes et capes en cheveux tissés

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J'apprécie de plus en plus ces expositions transversales, trandisciplinaires, qui parviennent à mêler les disciplines (ici, l'anthropologie, l'histoire, la sociologie, les arts plastiques,...), à confronter les époques et faire se côtoyer harmonieusement les modes d'expression tout comme les époques et les civilisations, tout en maintenant le cap, en proposant un ensemble tout à fait cohérent, absolument pas brouillon ni effet "catalogue", autour d'un thème qui pourrait sembler banal, coquet, voire inintéressant, en tout cas, sans grande prétention, et devient le moteur ludique d'une riche réflexion.

Réunissant photographies contemporaines, sculptures antiques, images d'archives, objets rituels,... Cheveux Chéris mérite qu'on s'y intéresse, je vous le garantis. Aussi, je ne peux que vous encourager à profiter de la fin de la semaine pour vous rendre au musée qui ne manquera pas de vous ouvrir le portail de son jardin. Une très agréable manière d'aborder le week-end, n'est-ce pas ?

Comme à chaque fois que je ressors du Quai Branly, je suis prise d'une soudaine envie de récits de voyage ! Lors de mon passage (obligé) par la librairie du musée, j'ai repéré les ouvrages de Sylvain Tesson et louché à m'en déboîter l'oeil (baaaahhh !!) sur les journaux de l'exploratrice Alexandra David-Néel. Une affaire à suivre :)

Je vous envoie de bons baisers de Paris, mes Chers, où le ciel d'un bleu joyeux accueille depuis quelques heures le ballet des avions qui se préparent pour le défilé du 14 juillet. Comme c'est excitant !

Avez-vous des projets pour l'occasion ? Bal ? Feux d'artifice ? Soirée entre amis ?

Et Hop ! Un billet de plus pour le challenge de Shelbylee

L'art dans tous ses états

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Commentaires
E
Tu l'as toi-même visitée, cette exposition, ma Livy ?<br /> <br /> J'ai parcouru Dynamo hier ! J'ai profité de devoir récupérer ma carte Sésame + au Grand Palais pour me faire mon idée sur cette expo qui m'interpellait.<br /> <br /> Disons que je suis bien contente de n'avoir pas déboursé 13 euros ! J'y ai vu des installations étonnantes, d'autres amusantes, mais j'avoue que -dans l'ensemble- elles m'ont laissée assez indifférente.<br /> <br /> Ceci étant, elles sont très photogéniques, et c'était sympa -pour une fois !- de pouvoir prendre des photos dans le musée !<br /> <br /> <br /> <br /> Tu l'as visitée également ?<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous :)
L
Ce qui me fascine dans cette exposition, c'est précisément sa thématique. Elle est singulière et j'aime ce genre de singularité qui nous porte là où l'on n'aurait pas pensé à s'aventurer parfois. Le musée du Quai Branly, de plus, est un petit trésor à lui tout seul qui me ravit à chaque visite. Comme tu décris bien tout ça !<br /> <br /> As-tu vu Dynamo au Grand Palais finalement ? <br /> <br /> Bisous ma chère.
M
Ta dernière phrase en réponse à Fondant, est exactement ce que je voulais dire en commentaire! C'est étonnant! :)
F
Merci, Emma, pour ce clin d'oeil zolien ! Elle était belle, hein, Denise enfant? :-)<br /> <br /> Une expo surprenante !!
M
oooohhhh ! Comme je regrette de l'avoir raté ! (et pourtant, elle a été ouverte sacrément longtemps ...). Ton billet est vraiment passionnant, en plus sniff !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai vu l'expo Dynamo en revanche. Ce n'est pas trop ma tasse de thé (et les files d'attente DANS les expo pour rentrer dans les installations me gonflent toujours beaucoup). Malgré tout, il y a des choses amusantes et la mise en scène est plutôt réussie. <br /> <br /> <br /> <br /> Coté expo, comme je suis en province pendant l'été, c'est plus difficile mais j'attends avec impatience l'expo Frida Khalo à Orsay, en septembre.
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